DÉPISTAGE DU SARS-COV-2
FAIRE FRONT AU COVID-19
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
La levée progressive du confinement, amorcée le 11 mai, suppose la multiplication des capacités d’analyses des tests de dépistage du Covid-19. Si à ce jour peu de laboratoires vétérinaires départementaux sont sollicités, le déconfinement devrait être générateur d’analyses.
Dans une France coupée en deux, la mobilisation des laboratoires vétérinaires départementaux d’analyses, pour atteindre les 700 000 tests par semaine, est précieuse. Malgré un retard à l’allumage, dû notamment à des lourdeurs administratives, Aurèle Valognes, présidente de l’Adilva1, indique que les laboratoires vétérinaires sont en ordre de marche. Plus d’un mois après la publication2 du décret les autorisant à réaliser des tests de dépistage du Covid-19, Jean-Luc Angot, président de l’Académie vétérinaire de France (AVF), souligne les difficultés à rendre opérationnel le concept “une seule santé”. « Cette crise devrait permettre de mettre en place, avec toutes les conditions de sécurité sanitaire, des dispositifs qui donnent davantage de souplesse. »
Le président de l’AVF indique qu’à ce jour, sur 70 laboratoires vétérinaires départementaux, 28 se sont vu délivrer un arrêté préfectoral qui les autorise à analyser des tests de dépistage. 11 autres sont toujours dans l’attente. Il faut encore que ces laboratoires signent une convention avec un laboratoire de biologie hospitalier ou privé. C’est fait pour 23 laboratoires, tandis que 16 patientent encore. Même si leur capacité d’analyses est mobilisable, peu de laboratoires sont finalement sollicités. « Seuls 9 laboratoires ont effectivement débuté des tests (six laboratoires font 100 à 500 tests par semaine et deux réalisent 500 à 1 000 tests par semaine). À côté de la capacité d’analyses qui existe, cette mobilisation reste malheureusement très limitée », regrette le président de l’AVF. À ce stade, les besoins n’ont pas été manifestés sur le terrain. « La majorité des laboratoires annoncent ne pas réaliser de tests, car la situation épidémiologique est pour l’instant bonne ou les capacités des laboratoires de biologie médicale et des centres hospitaliers suffisent à subvenir aux besoins du territoire », explique Aurèle Valognes. Si certains laboratoires vétérinaires en réalisent, c’est souvent bien en deçà de leurs possibilités.
Dans les régions en zone rouge, certaines de ces structures se sont très tôt mises en ordre de bataille. « Dans la région Grand Est, des mesures alternatives ont très rapidement été adoptées. Les laboratoires vétérinaires départementaux ont été réquisitionnés plus tôt, et ce pas nécessairement avec une convention, afin que la zone de surveillance de Mulhouse et ses environs soient prioritaires en matière de résultats d’analyses. » En phase de déconfinement, les laboratoires vétérinaires pourraient être amenés à pratiquer plus d’analyses. « Les nouveaux cas qui seront déclarés en cette période vont être certainement générateurs d’analyses, bien plus que pendant le confinement », poursuit la présidente de l’Adilva. Ils ont adapté leur organisation pour faire face à une hausse de la demande. « Tous les laboratoires départementaux ont à coeur de maintenir leurs missions régaliennes. Ils ont mis en place des organisations compatibles avec leurs activités principales. Certains ont fait le choix de spécialiser certaines zones. Mais en l’absence de sollicitation, ils seront tentés de rapatrier les activités de santé animale sur les sites réservés au dépistage du Covid-19. »
1. Association française des directeurs et cadres des laboratoires vétérinaires publics d’analyses.
2. La Semaine Vétérinaire n° 1849 du 10/4/2020, pages 22 et 23.