EXPRESSION
LA QUESTION EN DÉBAT
Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD
Pour s’adapter aux nouvelles conditions d’exercice engendrées par la crise sanitaire, les nerfs de chacun sont mis à rude épreuve, même hors confinement. Dans un tel contexte, les équipes essaient courageusement de préserver la santé de tous, s’efforcent de garder du lien, tout en “modernisant” parfois leur façon de travailler ensemble.
JULIEN HERLA (L 08)
Praticien rural à Guémené-Penfao (Loire-Atlantique)
Dans le groupe G3VET auquel j’appartiens, en temps “normal”, nous tournons à six ou sept praticiens par jour et à neuf assistantes vétérinaires. Dès l’annonce du confinement, nous avons cherché à protéger la santé de tous. Pour assurer le bien-être familial et social de nos collaborateurs, nous avons trouvé des solutions afin que les enfants en bas âge soient gardés (sans faire appel à un service extérieur) et pour que leur apprentissage scolaire soit assuré. Il me paraît également impératif d’être à l’écoute des personnes, de leurs attentes, de leurs appréhensions… Car cette période n’est évidente pour personne, étant donné que ces nouvelles conditions de travail sont parfois anxiogènes ou pesantes. Conséquemment, les nerfs sont mis à rude épreuve… Aussi, pour surmonter cette crise sanitaire, nous misons sur la cohésion de groupe, la solidarité et l’attention portée à chacun. Dans cet état d’esprit, nous essayons de nous hisser, plus forts que jamais, à la hauteur de cet obstacle mis sur la route de notre profession.
ESTELLE BIBARD (N 96)
Praticienne canine à Dardilly (Rhône)
À l’annonce du confinement, puis à la suite de l’arrêt d’une de nos auxiliaires vétérinaires pour suspicion de Covid-19, mon associée et moi avons été très stressées, voire angoissées. Nous avons mis en place toutes les mesures d’hygiène nécessaires pour nous permettre de continuer à travailler le mieux possible… Au bout de quelque temps, j’ai décidé de changer ma manière de voir les choses, en préparant l’après confinement. À notre assistante confinée, je téléphonais régulièrement, je lui envoyais des photos et des messages drôles. J’ai communiqué aussi via notre page Facebook, sur laquelle j’ai publié des informations et des photos des animaux des clients : les “confinés du jour” ! À la clinique, nous sommes confrontées à des réactions très diverses de la part des propriétaires. Une partie se moque en effet complètement de nos consignes de sécurité, ce qui nécessite de les “recadrer”. Alors oui, même si nous défendons des valeurs centrées autour du lien, cette période reste assurément délicate à gérer !
JEAN-FRANÇOIS RIOU (N89)
Praticien mixte à Saint-Amand-Montrond (Cher)
Au début, toute notre attention s’est focalisée sur la santé de nos salariés : seul mon associé et moi-même sommes restés au contact direct des clients. Au chômage partiel, nos assistantes, soulagées d’être mises à l’abri, ont été d’accord pour travailler en back-office. Pour les interventions planifiées de prophylaxie, nous demandions à nos clients de s’organiser davantage. Pour soutenir l’activité, nous sommes à l’écoute des idées de l’équipe. Nous disposons d’une plateforme d’échange où les assistantes en télétravail peuvent émettre des avis. Ponctuellement, nous organisons des réunions en visioconférence. Nous avons également mis en place un système de paiement en ligne des aliments et une organisation en “drive” pour la délivrance des médicaments. Ces nouveaux services resteront pérennes, une fois la crise passée… Pour l’heure, l’adversité nous force à nous serrer les coudes et à nous “digitaliser” brutalement !