RADIOPROTECTION : QUELLES OBLIGATIONS ? - La Semaine Vétérinaire n° 1857 du 05/06/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1857 du 05/06/2020

IMAGERIE MÉDICALE

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

Auteur(s) : CHLOÉ TOUZET ET EYMERIC GOMES1

L’utilisation d’appareils émetteurs de rayonnements ionisants est strictement encadrée, avec des différences suivant le niveau d’activité de l’établissement de soins.

La radioprotection regroupe l’ensemble des mesures mises en place pour empêcher ou réduire les effets néfastes des rayonnements ionisants, à savoir, dans la pratique vétérinaire, les rayons X émis par les appareils de radiographie, de fluoro-radioscopie, de tomodensitométrie (scanner) et de radiothérapie.

Qui est chargé de veiller à la radioprotection dans une clinique ?

L’employeur est responsable de la radioprotection de son établissement. Il est en charge de la déclaration de détention de sa source de rayonnements ionisants, de l’information du personnel sur les risques et les mesures de prévention, de la mise en place des affichages (délimitation des zones d’accès restreint, consignes) et des moyens de surveillance réglementaires, et doit s’assurer du respect des bonnes pratiques.

Par ailleurs, chaque structure équipée d’une source radioactive doit désigner une personne - interne ou externe à la structure - compétente en radioprotection (PCR) ayant validé une formation spécifique auprès d’un centre agréé. Plusieurs niveaux de formation existent : si le niveau 1 suffit pour une activité de radio graphie classique, les structures possédant un scanner ou pratiquant la radiologie interventionnelle nécessitent une certification de niveau 2. Ces certifi - cations sont à renouveler tous les cinq ans.

Quels sont les rôles de la PCR ?

La PCR doit évaluer les risques, réaliser une étude de postes et délivrer des recommandations (rédaction des consignes), se charger des contrôles périodiques (résultats de dosimétrie, notamment), contrôler le matériel de mesure, former le personnel soumis à l’exposition aux rayons X tous les trois ans et rédiger un rapport annuel d’activité. Toute demande de détention ou d’utilisation d’un générateur doit passer par la PCR, qui procède ensuite à la mise à jour annuelle du dossier de détention.

À quels contrôles est soumis le personnel exposé ?

Chaque personne participant à la réalisation d’un examen doit porter un dosimètre, contrôlé par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), afin de ne pas dépasser les seuils réglementaires. Dans les pratiques généralistes, les dosimètres utilisés sont généralement des systèmes passifs dont le cumul de dose est lu de façon trimestrielle. Selon l’activité de la clinique, un contrôle plus rapproché (mensuel) ou des dosimètres opérationnels (lecture instantanée) peuvent être en place. Les résultats sont consignés dans le Système d’information de la surveillance de l’exposition aux rayonnements ionisants (Siseri) et transmis à la médecine du travail. Lorsque la dose réglementaire est dépassée, une procédure d’alerte est automatiquement déclenchée. Si un individu extérieur (propriétaire) est amené à être exposé, il convient de le consigner.

Comment sont évalués les appareils et l’ambiance de travail ?

Un contrôle initial de la conformité du matériel et des bâtiments est effectué par un organisme agréé, puis un contrôle technique est renouvelé tous les trois ans (annuel pour les appareils de niveau 2). Le poste de travail est monitoré par les dosimètres d’ambiance, généralement contrôlés tous les trimestres.

1. Service d’imagerie médicale du CHV Frégis à Arcueil (Val-de-Marne).

RAISONNER SA PRATIQUE

Trois principes sont à respecter : justification, optimisation et limitation. La justification implique de réfléchir au préalable à l’indication de l’examen, de limiter le nombre de clichés au strict nécessaire et le nombre d’intervenants dans la contention. L’optimisation consiste à obtenir la bonne première acquisition avec la moindre exposition des intervenants (recours à la sédation, voire à l’anesthésie, optimisation des constantes). La limitation de l’exposition implique le port des équipements de protection individuelle, l’éloignement au maximum du faisceau lors de la contention d’un animal, de ne surtout jamais se tenir dans le faisceau primaire. La limitation est mesurée objectivement par les dosimètres individuels nominatifs et ambiants, ainsi que le contrôle des salles à rayons X.