ABEILLES
PRATIQUE MIXTE
FORMATION
Auteur(s) : SAMUEL BOUCHER
Éliminer les œufs et les larves des fausses teignes, danger majeur des colonies d’abeilles faibles, passe par des moyens plus ou moins délicats à mettre en œuvre. La meilleure option reste la prévention.
Les fausses teignes sont des lépidoptères bioagresseurs des colonies d’abeilles. La grande fausse teigne est due à Galleria mellonella et la petite à Acroea alvearia. Leurs larves, en se nourrissant de cire, détruisent en quelques semaines le milieu de vie des abeilles, compromettant leur survie. Les larves s’attaquent aussi aux réserves de pollen et aux cocons de couvain qu’elles emprisonnent dans leur tissage, provoquant une mortalité par étou ement. Les galeries faites par les teignes peuvent également, si elles sont trop nombreuses, induire un blocage de ponte et une destruction du couvain par performation des cellules. Ces bioagresseurs sont également dangereux pour les stocks de cires gaufrées, les hausses stockées ou en attente de remplissage.
Pour éviter d’en arriver à des pertes considérables, la meilleure approche reste encore la prévention, en veillant à maintenir les colonies en bonne santé, avec une population su sante pour le nombre de cadres à couvrir. Plu sieurs options de traitement sont aussi possibles.
Lorsque la ruche est atteinte, il est fréquent de traiter les cadres avec un produit contenant Bacillus thuringiensis, de la souche Berliner utilisée pour la protection des plantes. Cette bactérie sécrète une toxine qui s’attaque aux larves de fausse teigne. Cependant, il convient de pulvériser le produit sur tous les cadres, ce qui rend son usage fastidieux.
Une autre option est celle des trichogrammes, une mini-guêpe utilisée comme agent de lutte biologique contre la pyrale du maïs. Elle parasite les œufs des teignes, en y introduisant leurs propres œufs. Les œufs de teigne donneront donc des larves de trichogrammes. Il est possible d’envisager leur emploi dans des hausses contaminées retirées des ruches.
Après la récolte, les cadres vides demeurent dans les hausses en attente d’être réutilisés, ce qui en fait des milieux parfaits pour les fausses teignes, car ils ne sont plus défendus par les abeilles. La congélation des cadres contaminés ou supposés l’être, réduit ce risque, en détruisant tous les stades de fausse teigne, œufs compris. Il est nécessaire de congeler au moins 2 heures vers - 18 °C, l’idéal étant 48 heures pour détruire d’autres parasites en même temps. Cette technique n’est pratiquement pas applicable aux ruchers de grande taille.
Autre élément utile, le courant d’air. Il s’avère le moyen de prévention le plus efficace, lors du stockage. La méthode consiste à empiler les hausses en les faisant reposer sur des briques les séparant du sol. On place dessus et dessous une grille à reine pour empêcher les souris de faire leur nid dedans. Le courant d’air passant dans cette cheminée empêchera les papillons de se développer.
L’anhydride sulfureux est parfois employé, sous forme de vapeur obtenue par combustion d’une mèche soufrée (une mèche pour trois hausses). Celle-ci étant disposée en haut de la pile de hausses à traiter, le gaz, lourd, descend. Il est également possible d’utiliser un spray de gaz sous pression en bouteille. Attention, ce gaz tue les abeilles. Il convient donc de ne l’employer que sur les hausses vides, de se protéger soi-même, puis d’aérer. Le produit ne se stocke pas dans les cires. Il ne détruit pas les œufs, si bien qu’il est conseillé de recommencer l’opération 15 jours après. Le métal, par ailleurs, peut être attaqué par les vapeurs de soufre. Les boules antimites sont à proscrire. Elles contiennent du paradichlorobenzène, qui est toxique pour les insectes et s’accumule dans les cires et le miel. Le risque cancérigène est réel pour le consommateur.