COMMENT ABORDER LE CHIEN EN CONSULTATION VÉTÉRINAIRE - La Semaine Vétérinaire n° 1861 du 03/07/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1861 du 03/07/2020

PRATIQUE PET FRIENDLY

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

Auteur(s) : JADE LARDENOIS1*, CAROLINE GILBERT2**

L’abord d’un chien est à adapter suivant la posture et les expressions faciales de l’animal. Avec un chien présentant des signes d’agression, l’usage de friandises et d’un jeu, à distance, est à privilégier.

Il est montré que 78,5 % des chiens sont stressés en contexte de consultation vétérinaire. Pour éviter cette situation et réduire les risques d’agression, il convient pour le praticien d’adapter sa gestuelle à l’état émotionnel de l’animal. Dans ce cadre, une observation attentive des postures et des expressions faciales du chien est à réaliser.

Caractériser les différents états émotionnels

- Chien détendu et attentif : la posture est relâchée, comme la queue, ou présente un battement avec une intensité plus ou moins importante. Les oreilles sont en position neutre ou vers l’avant et s’orientent en fonction des bruits. L’animal est attentif et regarde le clinicien ou le personnel. Un chien en demande d’interaction vient au contact.

- Chien peureux : la posture est basse, proche du sol, tendue, le poids du corps est porté vers l’arrière, l’animal peut chercher à fuir et à éviter le contact. Les yeux sont ouverts avec le regard fuyant, les oreilles positionnées en arrière, la queue basse ou ramassée sous le corps.

- Chien stressé : il peut être décrit comme ayant un “air fatigué, triste” (contraction des muscles de la face), les lèvres sont pincées et les oreilles positionnées sur le côté ou vers l’arrière. Il a le regard fuyant, jette des coups d’œil sur l’environnement, les pupilles en mydriase. Ses déplacements sont lents et la posture figée. Le refus de nourriture est fréquent. Des bâillements, des tremblements, des halètements, des ébrouements et des léchages de truffe peuvent aussi être observés. À noter que l’émotion de peur est fréquemment liée à la réaction physiologique de stress, d’où l’association des signaux. Parfois un chien en utilise préférentiellement certains plutôt que d’autres.

- Chien agressif : dans l’ordre de gradation des signaux, il est observé une posture raidie et tendue avec poids du corps porté vers la menace, un regard fixe en direction de l’individu mis à distance, des aboiements et des grognements graves. Ces derniers sont parfois inaudibles avec retroussement des babines et un enchaînement : morsures à distance, non tenue et tenue.

Adapter son comportement

- Si le chien est détendu, familier de l’humain, il conviendra de l’approcher de côté plutôt que de face, éventuellement de se mettre accroupi de profil par rapport à lui, en le laissant établir le premier contact, d’employer une voix douce et plutôt aiguë, et de proposer une friandise. Se pencher vers lui constitue une posture menaçante.

- Si le chien montre des signes de stress, les conseils précédents restent valables. Il est conseillé, de plus, de proposer de la nourriture appétente ou un jeu, tout en se faisant aider par le propriétaire pour rassurer l’animal. Dans tous les cas, laisser le chien se détendre et effectuer le premier contact. S’il est peureux, éviter de le regarder dans les yeux afin de favoriser le premier contact, et ne pas le caresser s’il ne vient pas au contact.

- Lorsque le chien montre des signes d’agression, ne pas adopter de posture de menace, à savoir le poids du corps vers l’avant, associé à un regard fixe, et ne pas se placer accroupi à sa hauteur. Le contact sera favorisé via des friandises, un jeu, et à distance. Pour éviter tout risque de morsure, il est préférable de poser une muselière dès l’observation de la posture figée et du regard fixe, ou de changer de contexte et de posture3 afin que le chien ne poursuive pas la séquence d’agression. Pour faciliter les consultations futures, recommander aux propriétaires un apprentissage de la muselière à la maison.

1. École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), 2018.

2. Professeure en éthologie fondamentale et appliquée à l’ENVA.

3. Stopper l’approche ou la contention, utiliser des friandises pour concentrer le chien sur du positif, préférer la table ou le sol suivant les individus.

LES POINTS FORTS À RETENIR

- Observer l’état émotionnel de l’animal.

- Ne pas adopter une posture menaçante (poids du corps vers l’avant, regard fixe).

- Friandises et postures amicales permettent d’engager un premier contact positif.