DONNER LE GOÛT DE LA NUTRITION AUX ÉTUDIANTS - La Semaine Vétérinaire n° 1861 du 03/07/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1861 du 03/07/2020

ENSEIGNEMENT

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

Auteur(s) : CHARLOTTE DEVAUX

À VetAgro Sup, des supports novateurs sont mis en place pour compenser le faible volume horaire consacré à la nutrition dans les cursus vétérinaires.

Peu d’heures consacrées à la nutrition dans les programmes des écoles vétérinaires ? Qu’à cela ne tienne. Sébastien Lefebvre, maître de conférences en nutrition à VetAgro Sup, à Lyon (Rhône), propose des méthodes pédagogiques innovantes.

Il est courant de lire sur Internet que le cursus vétérinaire ne comprend que 8 heures de nutrition. Qu’en est-il ?

Sébastien Lefebvre : VetAgro Sup est l’école avec le plus petit volume horaire : 10 heures de nutrition des carnivores sur les cinq ans. C’est pourquoi j’ai mis en place un enseignement personnalisé qui permet à 30 étudiants de 2e année (sur 60 à 80 qui en font la demande) de recevoir 18 heures supplémentaires de travaux dirigés. Pour les 4e années qui prennent conscience qu’ils ne sont pas assez formés, je propose des cours de rattrapage pour suivre le même programme que l’enseignement personnalisé. 25 étudiants les suivent.

Vous venez de publier un livre contenant tous vos cours, dans quel but ?

Ce livre contient les trois cours de tronc commun ainsi que les douze cours d’enseignement personnalisé. Son but est de fournir aux élèves et aux vétérinaires qui le souhaitent les fondements scientifiques de la nutrition. Ce n’est pas un livre de vulgarisation ou destiné à la pratique, son objectif pédagogique est de pratiquer la classe inversée. Ainsi, les élèves peuvent lire le chapitre concerné avant de venir en cours. Ce fonctionnement permet de consacrer le cours à réexpliquer les points fondamentaux, à présenter les probables évolutions futures et à parler des aliments et des gammes. Les enseignements personnalisés permettent d’aborder des cas cliniques et de réaliser des jeux de rôle, qui préparent les étudiants à la discussion avec les clients sur des sujets épineux comme le Barf1.

Pourquoi ce document est-il en accès libre pour le grand public ?

Mes cours sont disponibles sur les sites internet Vetbrain.fr et Vetosapiens.net et sur le groupe Facebook Véto Nutri. Ils existent aussi sous forme de livre autoédité vendu à prix coûtant sur Amazon. Ils sont en accès libre pour montrer que les vétérinaires sont formés en nutrition par des cours scientifiques, d’un volume de 280 pages, rédigés par une personne indépendante de l’industrie du pet food.

Vous avez créé un logiciel de calcul de ration, VetNutri. Pourquoi ?

J’ai mis au point un logiciel permettant aux élèves de s’affranchir des calculs, qui donnent mauvaise réputation à la nutrition, afin de libérer du temps pour la réflexion nutritionnelle. Grâce à l’aide informatique, seule une demiheure est consacrée aux calculs.

Vous proposez aussi des diagrammes de choix d’aliments, quel est leur usage ?

Ils permettent d’avoir une vision globale de l’offre de petfood vétérinaire. Les vétérinaires définissent les critères de choix. Les aliments sont présentés sous forme de numéro pour éviter les idées préconçues. Ce n’est qu’à la fin du process que les noms de l’aliment et de la marque sont dévoilés. Cet outil permet de justifier la prescription auprès des clients par les caractéristiques nutritionnelles de l’aliment choisi.

Quelle évolution est à prévoir pour la nutrition vétérinaire en école ?

Malgré les demandes de la profession, l’augmentation des volumes horaires en nutrition des carnivores ne semble pas d’actualité au sein de notre établissement. Un poste d’enseignant-chercheur en nutrition se libère l’an prochain. Son remplacement n’est toujours pas acté. Je ne suis pas sûr que l’innovation pédagogique suse à compenser ces lacunes…

1. Nourriture crue biologiquement appropriée.