PRODUCTIONS ANIMALES
PRATIQUE MIXTE
Auteur(s) : TANIT HALFON
Porté par le Syndicat national des vétérinaires conseils, Émeraude est un nouveau think tank qui vise à réfléchir à l’évolution du rôle et aux missions du vétérinaire exerçant en productions animales.
Pour Thierry Gavaret et Julien Flori, vétérinaires en filière avicole et respectivement président et vice-président du Syndicat national des vétérinaires conseils (SNVECO), il est urgent de repenser le modèle économique du vétérinaire en filières organisées.
Cette initiative figure dans la continuité de la concertation1 que les groupes Chêne Vert Conseil et Cristal avaient lancé en 2017 avec plusieurs acteurs de l’élevage. Le constat que nous avons pu faire est que le modèle économique du vétérinaire en productions animales, jusqu’à présent fondé sur la vente de médicaments et d’actes, a atteint ses limites. L’avenir est au conseil rémunéré à sa juste valeur.
Les productions animales s’inscrivent dans des systèmes de plus en plus intégrés, avec des élevages de plus en plus grands. Dans ce nouvel environnement, les attentes vis-à-vis du vétérinaire ne se limitent plus aux actes de soins, et il faut proposer une véritable stratégie de suivi d’élevages. Nous le faisons déjà en filières aviaire et porcine, mais nos conseils sont en réalité sous-facturés, ce qui est compensé par la vente de médicament. Cette situation ne va pas durer, on le voit par exemple en filière avicole avec le transfert des vaccins aux couvoirs et, en parallèle, l’objectif de réduction de la consommation des antibiotiques. C’est une vraie révolution culturelle pour le vétérinaire.
Face à ces enjeux, nous avons voulu sortir de la démarche privée. Ainsi, l’initiative Émeraude est-elle portée par notre syndicat, le SNVECO, et notre volonté est d’ouvrir les discussions avec le plus grand nombre, y compris d’autres instances professionnelles. Cette initiative est aussi un outil politique, car on voit bien que le vétérinaire a du mal à faire entendre sa voix.
Oui, car nous nous sommes rendu compte que les vétérinaires ruraux pouvaient rencontrer les mêmes problématiques que ceux des filières organisées. En revanche, les solutions ne seront peut-être pas les mêmes.
Nous allons avancer avec ceux qui le voudront bien. Pour cela, nous allons organiser des journées de réflexion comme nous avons déjà pu le faire en janvier autour de l’économie de la santé animale. Un des sujets que l’on souhaite particulièrement aborder est le One Health. Aujourd’hui, le sanitaire n’est plus suffisant, il faut aussi savoir parler de bien-être animal, de nutrition… pouvoir proposer une expertise globale. Notre souhait est d’ouvrir ces débats à toute la filière, de l’amont à l’aval, à la grande distribution, aux associations “welfaristes” de protection animale dont le poids est croissant dans le monde de l’élevage, mais aussi aux autres organisations professionnelles vétérinaires. Nous souhaitons également participer à la modernisation de la profession au travers notamment de l’expérimentation d’une télémédecine adaptée aux productions animales, mais qui ne vienne pas saborder le maillage territorial.
C’est vrai que la solvabilité des éleveurs est un problème, cependant, nous sommes persuadés que des conseils de haut niveau sont un réel besoin et apportent une vraie valeur ajoutée. Cela dit, puisque c’est l’étage production qui nous paie, les vétérinaires doivent aussi travailler plus que jamais à démontrer le retour sur investissement de leur conseil.
1. Il s’agissait de discuter du rôle et des missions du vétérinaire en filières organisées, avec les parties prenantes, comme les associations de producteurs, la grande distribution ou les associations de protection animale.