INSPECTIONS PLUS RIGOUREUSES SUR LA RÉALISATION DES ANTIBIOGRAMMES - La Semaine Vétérinaire n° 1865 du 04/09/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1865 du 04/09/2020

ANTIBIOTIQUES CRITIQUES

ANALYSE

Auteur(s) : MICHAELA IGOHO-MORADEL

Les excellents résultats du premier plan ÉcoAntibio indiquent une chute importante de la consommation d’antibiotiques critiques en médecine vétérinaire. Pourtant une note du ministère de l’Agriculture demande aux vétérinaires inspecteurs d’être plus vigilants lors de leurs contrôles en cliniques.

Plus de rigueur dans les contrôles des méthodes ou tests revendiquant la détermination de la sensibilité bactérienne aux antibiotiques, réalisés dans le cadre de la prescription d’antibiotiques d’importance critique. Il s’agit du message qu’il convient de retenir d’une note de service du ministère de l’Agriculture, publié en juillet, à l’attention des vétérinaires inspecteurs des directions départementales de la protection de la population. Le document signé par Bruno Ferreira, directeur général de l’alimentation, précise que « le vétérinaire doit être en mesure d’apporter les éléments sur la méthode ou le test utilisés ».

Adhérer au réseau Résapath, un gage de conformité

La note de service du ministère de l’Agriculture rappelle qu’un praticien ne peut prescrire un antibiotique critique (céphalosporines de dernières générations et les fluoroquinolones) qu’après l’identification de la souche bactérienne et la réalisation d’un antibiogramme (sauf exceptions) selon des méthodes fixées par l’arrêté du 18 mars 2016. Il doit conserver pendant 5 ans la preuve qu’il applique à la lettre la réglementation. En cas de contrôle, les vétérinaires inspecteurs sont encouragés à vérifier que le résultat de l’antibiogramme, édité par le laboratoire d’analyses (qu’il soit interne à la structure inspectée ou non), mentionne l’une des normes Afnor, soit celle en milieu gélosé NF U47-107 ou la méthode des disques NF U47-106. En pratique, la majorité des laboratoires utilisent la première norme. La note précise également que les antibiogrammes réalisés par les laboratoires adhérents au réseau Résapath, selon la norme Afnor NF U47-107, sont réputés conformes à la réglementation. Dans ce cas, « la vérification pourra se limiter à contrôler que le laboratoire est bien adhérent au Résapath et que la référence à la norme NF U47-107 est bien indiquée sur le résultat rendu ».

Les tests rapides exclus

Ainsi, le recours à un laboratoire adhérent du réseau Résapath allège la charge de la preuve qui pèse sur le vétérinaire prescripteur. Si le laboratoire n’est pas adhérent au réseau Résapath, la note encourage les inspecteurs à vérifier que le praticien dispose de la documentation attestant que le laboratoire d’analyses respecte la réglementation. Un autre point de vigilance concerne les tests. La note du ministère précise que le vétérinaire peut recourir à un test validé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), accompagné d’une attestation de conformité du Laboratoire national de référence (LNR) résistance antimicrobienne. Le dispositif Vitek 2, produit par BioMérieux, est le seul test validé par l’Anses mais seulement pour certains couples antibiotiques/espèces bactériennes. Pour le ministère, l’antibiogramme réalisé à partir de ce dispositif n’est recevable que si la bactérie isolée et l’antibiotique correspondent à l’un des couples antibiotiques/espèce bactérienne validés par le LNR. Dans le cas contraire, la prescription peut être considérée comme nonconforme. La note rappelle que le non-respect de la réglementation sur les antibiotiques critiques peut être puni jusqu’à 2 ans de prison et 150 000 euros d’amende.

Ce qu’il faut retenir

En cas de contrôle, le vétérinaire prescripteur doit être en mesure de prouver que les méthodes d’antibiogrammes réalisées par les laboratoires d’analyses sont conformes aux normes Afnor U47-107 ou U47-106. Les antibiogrammes réalisés à partir de tests rapides ne sont pas recevables car ils n’ont pas été validés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire.