Scientifique romance - La Semaine Vétérinaire n° 1865 du 04/09/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1865 du 04/09/2020

FILM

COMMUNAUTÉ VÉTÉRINAIRE

Auteur(s) : MICHEL BERTROU

C’est un singulier mais séduisant mélange de genre que propose ici Olivier Babinet, le réalisateur en 2010 de Robert Mitchum est mort. Il met en scène une romance dans le contexte dystopique d’un futur (très) proche où l’océan a si bien été vidé de ses poissons que l’humanité en est réduite à suivre, impuissante, sur ses écrans la trajectoire désœuvrée de la dernière baleine. À Bellerose, quelque part sur la façade atlantique, une équipe de scientifiques tente, sans grands moyens ni beaucoup de succès, d’inciter un couple de petits poissons-zèbres à se reproduire in vitro tandis qu’un des chercheurs, quadragénaire en mal d’enfant, cherche désespérément sur les réseaux sociaux la partenaire qui acceptera de l’engendrer avec lui. Cette mise en parallèle de la reproduction artificielle des poissons et des humains, traduit de manière poétique la fragilité du vivant… et les limites de la froide technologie. Après avoir recueilli sur la plage un mystérieux axolotl - à qui on donnera le nom de Nietzsche -, la situation va rapidement prendre une tournure fantastique. Si cette fable écologique - qui est aussi une quête d’amour où les solitudes, égarées par l’évolution catastrophique du monde, cherchent timidement à s’apparier - manque parfois de rythme, on s’attache à son atmosphère « mélancomique », tendre et ténue, comme à ses personnages réservés et fragiles, ainsi qu’à sa forme artisanale et inventive, avec l’utilisation de fantaisies numériques extrêmement simples, dignes de Méliès.

Poissonsexe d’Olivier Babinet avec India Hair, Gustave Kervern, France/ Belgique, 1 h 29, sortie le 2 septembre.