LA GALE OVINE REVIENT DE PLUS BELLE - La Semaine Vétérinaire n° 1867 du 18/09/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1867 du 18/09/2020

MALADIE RÉGLEMENTÉE

PRATIQUE MIXTE

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

Déjà éradiquée dans certains pays grâce à des mesures de prophylaxie et de biosécurité strictes, la gale psoroptique ovine, ou gale de la toison, est en recrudescence dans les élevages français.

Un éleveur sur deux a déjà été ou est actuellement touché par la gale du mouton, estime un rapport publié en juin dernier par la chambre d’agriculture de la région Provence-Alpes-Côted’Azur (PACA)1. Face à cette recrudescence de cas observée déjà depuis plusieurs années à l’échelle nationale, un projet d’arrêté ministériel est prévu en vue de son éradication dès l’apparition des premiers symptômes dans un élevage (cf encadré). En effet, cette parasitose externe, dû à l’acarien Psoropte ovis, se propage rapidement au sein des troupeaux entiers. La contamination peut se faire par contact direct avec un animal malade ou un porteur sain - on constate ainsi la persistance fréquente du parasite à la base des cornes après guérison clinique - ou par contamination indirecte via le matériel, l’éleveur, les locaux…

Une maladie aux lourdes conséquences

90 % des contaminations d’un élevage se font d’ailleurs lors de l’achat de porteurs sains1. De plus, les femelles Psoroptes présentant une résistance importante dans le milieu extérieur (survie de 6 à 12 semaines), il est difficile d’éradiquer ensuite la maladie de l’élevage. Or, la gale, qui se traduit par des démangeaisons intenses ainsi que des lésions sur le dos, le garrot, puis les flancs et les côtés de la poitrine (croûtes jaunâtres et petites vésicules) ainsi qu’une toison laineuse qui tombe en lambeaux, a des répercussions économiques graves en élevage, conduisant à une baisse importante des niveaux de production et à des coûts indirects de traitements et de mesures de prophylaxie.

Une déclaration obligatoire ?

C’est pourquoi, face à la hausse constatée du nombre de cas en France, la filière ovine a demandé la mise en place systématique de mesures plus strictes d’éradication. Dans un tel objectif, pour toute suspicion, le diagnostic devra être confirmé par le vétérinaire sanitaire de l’élevage par identification du parasite au microscope (lecture sur lamelle d’un grattage récupéré sur une lésion exsudative de gale) ou par analyse sérologique. Dès confirmation du diagnostic, un traitement rigoureux par baignade, douche ou injection sera mis en place. Quelle que soit la méthode choisie, il est impératif que tous les animaux du troupeau, sans exception, soient traités simultanément pour éviter la présence de « réservoirs ». La baignade est une méthode de traitement très efficace car cette technique permet de saturer en produit acaricide l’ensemble du corps de manière uniforme (contrairement à la douche). L’éradication du parasite nécessite 2 bains à 15 jours d’intervalle. Les animaux traités doivent ensuite être isolés et maintenus à l’écart des bâtiments ou du matériel contaminé. En outre, un traitement des bâtiments et du matériel, avec un produit acaricide, suivi d’un vide sanitaire de 3 semaines minimum doivent aussi être effectués.

Des pratiques préventives à maintenir

Face aux lourdes répercussions de la maladie, il est donc très important que les éleveurs ovins restent vigilants. Les mesures de biosécurité et de prophylaxie reposent sur la mise en quarantaine lors d’introduction d’animaux. Il peut alors être intéressant d’associer un traitement antiparasitaire efficace contre ce parasite. Si le risque est avéré, deux injections à 10 jours d’intervalle sont nécessaires. De même, lors de prêts de matériels (bascules, bétaillères…), il convient de réaliser une désinfection, et une double clôture devrait séparer les parcelles de deux élevages ovins adjacents.

1. www.bit.ly/2GDtYZC

DES EXEMPLES CHEZ NOS VOISINS

Face aux pertes considérables occasionnées à l’industrie ovine par cette maladie hautement contagieuse, plusieurs pays ont instauré des programmes d’éradication systématiques après déclaration obligatoire des cas constatés aux organismes gouvernementaux. Ces efforts collectifs, au travers du respect strict des protocoles de traitement et des mesures de quarantaine mises en place, ont permis l’éradication de la gale psoroptique, en Australie notamment.1

1 www.bit.ly/3ifIPY2

VERS UN ENCADREMENT RÉGLEMENTAIRE ?

L’arrêté ministériel d’éradication de la gale demandé par la filière ovine et initialement prévu pour 2019/2020 en France devrait permettre la mise en place d’un programme national collectif de surveillance et de lutte contre la gale psoroptique ovine1. À cette fin, il est prévu un dispositif de surveillance qui passe par la déclaration des suspicions pour tous les troupeaux, le dépistage sérologique dans les troupeaux d’ovins soumis à la transhumance, la généralisation des mesures de vérification de l’infestation dans les troupeaux suspects et la généralisation des mesures d’assainissement des troupeaux d’ovins reconnus infestés, notamment par la mise en place de protocoles de traitement adaptés. Les GDS devraient être en charge de la bonne application de ces mesures. Par ailleurs, à l’échelle européenne, la liste des maladies répertoriées au niveau européen et leur catégorisation devrait être mise à jour (règlement d’exécution (UE) 2018/1882) en vue d’une application au 21 avril 20212. Cette nouvelle loi de santé animale pourrait conduire à une modification de la classification française des dangers sanitaires, dont la gale ovine.

1. www.bit.ly/3k5LO63

2. www.bit.ly/3mbontY