RÉFÉRENTS ANTIBIOTIQUES, LA PÉDAGOGIE AVANT TOUT

Actif depuis septembre 2019 pour l’ensemble du territoire français, le site AntiBio.ref vise à améliorer les bonnes pratiques d’usage des antibiotiques. En médecine canine et féline, ce sont respectivement Nicolas Gay et Arnaud Muller qui sont en charge de répondre¹ aux interrogations des praticiens. Explications.

Quel bilan pouvez-vous tirer d’AntiBio.ref ?

Dr Gay : À ce jour, nous n’avons pas encore assez de données pour faire un premier bilan, d’autant que les échanges ont été fortement réduits par la crise du Covid-19. Ceci dit, certaines disciplines ressortent, comme l’uro-néphrologie pour les chats et à moindre titre chez le chien. De plus, il y a peu de questions réglementaires, elles concernent surtout des cas cliniques qui sont en général complexes.

Dr Muller : Les questions que je reçois portent quasi exclusivement sur les germes urinaires, en lien avec un cas clinique. Par ailleurs, je ne constate pas de situations de mésusage d’antibiotiques, notamment sur le respect de la réglementation relative aux antibiotiques critiques. Les vétérinaires qui me sollicitent ont de bonnes pratiques.

Comment conseillez-vous les vétérinaires ?

Dr M. : L’objectif est de leur donner les clés pour résoudre par eux-mêmes leur cas clinique. Nous faisons donc des rappels généraux sur la maladie, les germes associés, les facteurs de risque, l’interprétation de l’antibiogramme… Le vétérinaire reste bien évidemment totalement libre de sa prescription. Par exemple, pour les affections urinaires, nous répétons que même si un antibiogramme révèle un germe multirésistant, il est connu que certains antibiotiques administrés par voie orale atteignent une concentration urinaire supérieure à la concentration minimale inhibitrice - ceci dit, le praticien doit quand même privilégier un antibiotique indiqué comme actif sur le germe identifié par l’antibiogramme. Nous rappelons aussi que l’interprétation d’un antibiogramme doit tenir compte de la modalité de prélèvement de l’échantillon et de la quantité de germes associée. Détecter des concentrations bactériennes de 10³ bactéries/ml est significatif lors de cystocentèse, mais ne l’est que pour 10⁴ bactéries/ml sur miction spontanée.

Dr G. : Notre rôle ne se réduit pas à résoudre le problème clinique mais par nos conseils d’éviter d’en arriver à de futures situations d’antibiorésistance. Nous donnons également des arguments qui aident les vétérinaires à résister à la pression des propriétaires d’animaux. Il y a en effet des cas pour lesquels les antibiotiques ne sont pas utiles. Par exemple, en cas d’ECBU positif sans symptôme clinique lors d’un suivi d’infection urinaire, surtout chez le chien âgé. Un autre exemple est celui de l’otite chronique pour laquelle une antibiothérapie locale ne sert à rien si on ne traite pas les causes primaires. On explique aussi qu’une bactérie résistante n’est pas forcément pathogène, bien qu’il convienne d’alerter le propriétaire sur les risques éventuels de transmission en particulier s’il y a une personne à risque dans le foyer.

1. Le dispositif AntiBio.ref fonctionne uniquement sur la base du volontariat.