NUTRITION
PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC
Auteur(s) : CHARLOTTE DEVAUX
Le rapport protido-calorique est un outil nutritionnel utile mais limité. Tour d’horizon de ses potentialités et de ses failles.
Le rapport protido-calorique (RPC) correspond à la quantité de protéines contenue dans 1 000 kcal d’énergie. Il permet de comparer deux aliments en donnant leur concentration protéique. Ainsi, un chien de 20 kg qui a un besoin énergétique de 1 000 kcal ne mange pas la même quantité d’un aliment apportant 300 kcal/100 g ou 400 kcal/100g. Savoir que ces deux aliments contiennent 30 % de protéines n’informe pas sur la quantité de protéines absorbées par ce chien. En revanche, savoir que le premier aliment a un RPC de 100 g/Mcal alors que le second a un RPC de 75 g/Mcal permet de savoir que le premier apportera plus de protéines à l’animal que le second.
Si le RPC permet d’évaluer la concentration en protéines d’un aliment, il ne permet ni d’évaluer la qualité de ces protéines, notamment leur digestibilité, ni de connaître la couverture du besoin en acides aminés essentiels. Ainsi, un aliment riche en protéines peu digestibles issues d’os ne présente aucun intérêt nutritionnel et risque de ne pas couvrir les besoins de l’animal. C’est pourquoi dans les aliments non vétérinaires, dont la qualité n’est pas connue, le plus important au-delà de la quantité de protéines est la qualité de celles-ci, qui peut être évaluée par le rapport protéines/phosphore. Si celui-ci est supérieur à 35, les protéines sont plutôt de source musculaire tandis que s’il est inférieur à 25 les protéines sont plutôt de source osseuse et donc peu intéressantes d’un point de vue nutritionnel. Cependant, même un rapport élevé ne présage pas de la composition en acides aminés.
Au sein des gammes vétérinaires, il est possible de trouver des aliments avec des RPC très bas, par exemple les aliments pour le traitement des cristaux d’urate. Même lors de l’utilisation au long cours de ceux-ci, aucun signe de carence protéique n’apparaît chez les animaux. Derrière cette prouesse se cache un secret : l’aminogramme. Les petfooders vétérinaires analysent leurs aliments de façon poussée et connaissent la composition détaillée en acides aminés détaillée de ceux-ci. Ils savent également quels sont les besoins en acides aminés essentiels définis dans la littérature. Si leur aliment ne couvre pas parfaitement ces besoins, ils peuvent complémenter à l’aide d’acides aminés libres. Cette technicité leur permet de descendre à des concentrations en protéines bien plus basses que pour du petfood classique, dont la digestibilité n’est même pas connue. Ainsi, le RPC, s’il est un outil précieux en ration ménagère, doit être utilisé avec discernement en petfood afin de ne pas « mélanger les torchons et les serviettes ».
Les valeurs de RPC connues et utilisées en France sont celles déterminées par le Pr Wolter dans son service de nutrition dans les années 1990. Ce sont des valeurs empiriques qui, utilisées en rations ménagères, permettaient d’obtenir de bons résultats cliniques. Il semble qu’avec ces valeurs, le besoin en acides aminés essentiels des animaux soit bien couvert lors de l’utilisation d’une viande de bonne qualité.