« LES DISCUSSIONS SERONT SANS AUCUN DOUTE TRÈS DIFFICILES » - La Semaine Vétérinaire n° 1869 du 02/10/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1869 du 02/10/2020

PRATIQUE MIXTE

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

LE POINT DE VUE DE JEAN-LUC ANGOT, INSPECTEUR GÉNÉRAL DE SANTÉ PUBLIQUE VÉTÉRINAIRE, MEMBRE DE LA COMISSION D’ÉVALUATION DU PROJET

Avez-vous été influencé par le contexte de crise sanitaire actuel, où se fait entendre la volonté d’aller vers une souveraineté alimentaire nationale et vers une plus grande considération écologique, pour rendre cet avis ?

La Commission d’évaluation n’a pas été influencée par le contexte de la crise du Covid-19. En effet le rapport a été finalisé en février 2020. Un paragraphe a juste été ajouté dans la version remise au Premier ministre concernant les maladies émergentes. Ce rapport résulte d’une évaluation des impacts sanitaires et environnementaux de l’accord négocié entre l’UE et le Mercosur. Le Premier ministre a tenu à en saluer la qualité et la densité.

Qu’attendez-vous comme réponse du gouvernement français ?

Le Premier ministre s’est exprimé clairement dans la foulée de la remise de ce rapport : la France s’opposera au projet d’accord UE-Mercosur en l’état. Les ministres de l’Agriculture et du Commerce extérieur ont déjà présenté les conclusions du rapport et la position française à leurs homologues des autres États membres de l’UE à Bruxelles.

Quelles sont les prochaines étapes maintenant ?

Il s’agit de rallier d’autres États membres et de demander à la Commission européenne de revoir certaines parties de l’accord, notamment en matière d’application du principe de précaution, de prise en compte de normes de production, de protection des forêts et de respect de l’accord de Paris.

Pensez-vous qu’un accord consensuel bipartite avec le Mercosur sera un jour possible ?

Les discussions seront sans aucun doute très difficiles. Le Brésil a d’ailleurs déjà réagi vigoureusement aux annonces du gouvernement français. Toutefois les deux parties étant économiquement intéressées par un accord commercial, un consensus devrait pouvoir être trouvé. L’enjeu est crucial pour la planète mais aussi pour l’avenir de notre agriculture, de notre élevage et de nos territoires ruraux.