NOUVELLES RECOMMANDATIONS VACCINALES POUR LES CHATS - La Semaine Vétérinaire n° 1869 du 02/10/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1869 du 02/10/2020

MÉDECINE PRÉVENTIVE

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON

Deux organisations professionnelles américaines éditent un guide tenant compte des avancées en termes de vaccination féline. Celle du jeune y tient une place prépondérante.

Depuis 1998, l’American Association of Feline Practitioners (AAFP) établit des recommandations de pratiques vaccinales félines afin d’aider les praticiens à pouvoir faire eux-mêmes, et pour chaque chat, un choix éclairé des valences nécessaires. Depuis cette époque, la notion de valences essentielles et non essentielles a été développée, notion qui a mis plusieurs dizaines d’années en France à être adoptée par une majorité de praticiens.

L’importance d’une vaccination précoce et répétée chez le jeune

Les recommandations publiées conjointement par l’American Animal Hospital Association (AAHA) et l’AAFP en septembre 20201 proposent, à chaque fois que les études sont disponibles, des références bibliographiques solides. Sont expliqués les principes de la vaccination, de l’immunité maternelle, rappelant combien les variations individuelles, y compris au sein d’une même portée, sont importantes. « C’est pourquoi une série de vaccinations est administrée aux chatons, toutes les 2 à 4 semaines jusqu’à la 16-18e semaine, pour augmenter la chance d’une immunisation réussie, dès que les titres en anticorps maternels sont parvenus à des taux suffisamment bas », rappellent les auteurs.

Une vaccination adaptée à chaque chat

Dans ces nouvelles recommandations, la task force s’est attachée à considérer tous les cas de figure, soient 5 catégories, avec les chats de maison (selon leur mode de vie), les chats de refuge, les chats errants (trappés, stérilisés, vaccinés), les chats de collectivité (pensions ou élevage), sans oublier les chats en famille d’accueil, de plus en plus nombreux pour leur offrir d’autres conditions d’hébergement que celles d’un refuge.

Au-delà du document de 18 pages publié conjointement dans le Journal of Feline Medicine and Surgery et dans le Journal of American Animal Hospital Association, chacune des organisations a mis à disposition de tous – propriétaires et équipes vétérinaires – des outils en ligne pour déterminer, en fonction de l’âge de chaque chat et de son mode de vie, les priorités vaccinales. Un seul paramètre manque, souligné cependant dans le texte par les auteurs : les contraintes financières du propriétaire, qui sont bien sûr à prendre en compte.

Un document sans influence mercantile

Fidèle à leur éthique, aucune concession commerciale n’a pris le pas sur les considérations scientifiques. Ainsi, les documents en ligne (consultables par les clients), comme le document source, mentionnent les vaccins contre-indiqués du fait de leur non-efficacité, voire de leurs effets secondaires délétères. C’est par exemple le cas du vaccin intranasal anticoronavirus américain (interdit en France), dont l’administration est interdite chez les chats positifs au coronavirus, sous peine de les exposer au phénomène décrit par l’équipe de Fred Scott2 (université Cornell, États-Unis) : la facilitation de l’infection par les anticorps. Une notion qui, en période de Covid-19, fait réfléchir.

L’injection vaccinale pour tous à 6 mois

L’une des nouveautés de cette édition 2020 est la recommandation de vacciner à nouveau à 6 mois tous les chatons contre l’herpèsvirus, le calicivirus et le parvovirus, au cas où les anticorps maternels auraient interféré jusqu’à 16-18 semaines.

Seul le vaccin intranasal herpèsvirus-calicivirus peut être administré avant 6 semaines d’âge (mais jamais avant 4), tous les autres (atténués, inactivés) le seront après.

Les valences optionnelles demeurent le FeLV – seulement pour les chats de plus d’un an, c’est-à-dire que tous les jeunes chats doivent être protégés avant contre la leucose, dès 8 semaines –, ainsi que Chlamydophila felis et Bordetella bronchiseptica.

L’infection par un rétrovirus n’est pas une contre-indication à la vaccination, au contraire : ces chats ont besoin d’être bien protégés contre les infections respiratoires.

Vacciner tous les chatons, individualiser ensuite

L’AAHA et l’AAFP soulignent la décision souveraine du praticien d’apprécier le bénéfice-risque de vacciner chaque chat au-delà d’un an ainsi que pour les valences non essentielles. Ce qui est vital pour un jeune chaton devient moins nécessaire pour un chat plus âgé, où les rappels de vaccination seront espacés, selon les besoins.

En matière d’effets secondaires des vaccins, décrits depuis 1991, avec ce qui est désormais devenu le fibrosarcome post-injection, beaucoup moins fréquent qu’il y a trente ans, les lieux d’injection recommandés sont la partie distale des membres (pour faciliter une exérèse éventuelle), le bout de la queue (pour les mêmes raisons). Sont à proscrire formellement la zone interscapulaire, le haut de la cuisse et l’épaule. La consultation annuelle et la conversation avec le client deviennent la priorité, pour effectuer une vaccination raisonnée, d’un commun accord, au cours de la consultation de médecine préventive.

1. Stone A.E.S., Brummet G.O., Carozza E.M. et coll., 2020 AAHA/AAFP Feline Vaccination Guidelines, Journal of Feline Medicine and Surgery, 2020;22 (9): 813-830.

2. Corapi W.V., Olsen C.W., Scott F.W., Monoclonal antibody analysis of neutralization and antibody-dependent enhancement of feline infectious peritonitis virus, J Virol., 1992;66 (11): 6695-705.