CARRIÈRE
ENTREPRISE
Auteur(s) : CHRISTELLE FOURNEL
Fonctions : VÉTÉRINAIRE ET DOCTEURE EN SCIENCES DE GESTION
Que l’on exerce une activité de praticien ou de salarié de l’industrie, projeter une reconversion nécessite une mûre réflexion et beaucoup d’échanges avec l’entourage et son réseau.
Il n’est pas rare qu’un vétérinaire exprime, notamment sur les réseaux sociaux, l’envie de se reconvertir. Si la plupart du temps, il s’agit d’un praticien qui cherche des voies alternatives, certains salariés de l’industrie souhaitent aussi parfois retourner en clinique.
Comment prendre la décision de se reconvertir ? Quels sont les points majeurs à considérer ? Quelles sont les aides financières possibles ?
Lorsque l’idée de se reconvertir vient à l’esprit, elle traduit un sentiment de ras-le-bol de la situation actuelle. Il est donc important de bien objectiver le fait que la reconversion est un choix, un souhait ferme. Pour se faire, en tant que salarié, il est possible de bénéficier gratuitement d’un conseil en évolution professionnelle pour s’orienter et construire un projet professionnel. Il fait logiquement suite à l’entretien professionnel. Toutefois, les compétences du diplôme de vétérinaire et l’activité des entreprises qui recrutent des vétérinaires sont très spécifiques et donc mal connues des conseillers. C’est pourquoi nous recommandons plutôt de requérir l’aide d’un coach, notamment formé à la Programmation neuro-linguistique et qui connaît le monde de la santé animale. Ces séances permettront de formuler un vœu précis, d’identifier les ressentis actuels et futurs (une fois l’objectif atteint), les moyens et les obstacles pour y parvenir, les raisons pour lesquelles aucune action n’a encore été entreprise. À l’issue de ce coaching, il arrive fréquemment que le praticien reste praticien car il aura identifié les raisons de son mal-être et saura modifier certaines données de son environnement.
Ensuite, la meilleure manière de se motiver est de visualiser l’objectif, d’avoir une vision claire de l’état futur. Pour ce faire, il ne faut pas hésiter à développer son réseau, faire des rencontres, demander l’avis de l’entourage, susciter le partage d’expérience. Des réseaux digitaux comme Facebook ou LinkedIn ou des associations comme le Club vétérinaires et entreprises ou les associations d’anciens des écoles vétérinaires sont très adaptés à cette étape. Toutefois, pour répondre aux questions que la personne en reconversion se pose, les membres des différents réseaux donnent généreusement leur temps et offrent leur vision et leur vécu ; il est fondamental de les remercier et d’entretenir le contact sous peine d’être discrédité par la suite.
Vivre dans le milieu professionnel que l’on souhaite intégrer est en revanche plus complexe car il faut dépasser les questions d’assurance responsabilité professionnelle de l’entreprise qui choisirait d’accueillir la personne en réorientation.
Une fois que l’objectif est bien formulé – choix de métiers ou de fonctions, domaine d’activité, entreprises cible, délai d’obtention de poste –, plusieurs questions émergent.
Pour consolider son dossier de candidature, il faut parfois réaliser une formation complémentaire. Quels organismes de formation garantissent le plus l’employabilité de l’étudiant ? Quel est le coût ? Suivre cette formation est-elle compatible avec sa vie personnelle ou son éventuelle activité professionnelle ?
Puis il faut déterminer finement ses besoins financiers. Est-il préférable de garder une activité rémunératrice ? Peut-on bénéficier d’indemnités Pole emploi ? Mes proches peuvent-ils temporairement subvenir à mes besoins ?
D’autre part, cette nouvelle voie professionnelle est-elle compatible avec sa situation personnelle et familiale ? La reconversion est une épreuve à la fois excitante et anxiogène, un vrai moment d’introspection et de remise en question. Elle nécessite le soutien inconditionnel de l’entourage qui aura accepté le choix de cette nouvelle vie.
Enfin, il semble prudent de lister un plan B, un plan C, voire D ou E en cas d’échec du plan A. Dans ce type de nouveau projet, il existe une part d’imprévu et d’inconnu qui nécessite de rester agile, optimiste et déterminé.
Concernant les salariés, la loi n° 2018-771 « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » a été promulguée le 5 septembre 2018. Elle revoit en profondeur les modalités de prise en charge de la formation continue et le contrôle de la qualité pédagogique des organismes de formation présents en France. D’importantes modifications et restructurations sont donc en cours à l’échelle nationale, la crise du Covid-19 ayant néanmoins bousculé les agendas du gouvernement. Dans ce contexte, France compétences centralise la gouvernance nationale de la formation professionnelle et de l’apprentissage en assurant le financement, la régulation, le contrôle et l’évaluation du système de la formation professionnelle et de l’apprentissage.
De plus, le projet de transition professionnelle (PTP) remplace le congé Iindividuel de formation (CIF) depuis le 1er janvier 2019. L’une des premières actions du vétérinaire salarié consiste donc à se connecter sur le site Mon Compte Formation afin de noter le nombre d’heures de formations qu’il a à son crédit, d’identifier les organismes de formation susceptibles d’accepter sa candidature et de créer une demande de prise en charge financière.
Les vétérinaires libéraux, quant à eux, se rapprocheront du FIF PL (Fonds interprofessionnel de formation des professionnels libéraux).
Chaque année plusieurs vétérinaires salariés de l’industrie choisissent de retourner en clientèle. Même si la démarche peut paraître courageuse, elle est souvent couronnée de succès et synonyme d’épanouissement pour ces « jeunes » praticiens.
La démarche est tout à fait similaire à celle du clinicien qui cherche à se reconvertir. Il existe de multiples moyens de se (re) former : des stages ou formations en école vétérinaire, des stages en structure vétérinaire, des sites internets permettant la formation à distance, des groupes Facebook de partage de cas cliniques.
Toutefois, il faudra se rapprocher de l’Ordre au plus tôt afin de se réinscrire au tableau de l’ordre et obtenir l’habilitation sanitaire afin de pouvoir réaliser la vaccination anti-rabique, les certificats d’exportation et d’importation, la surveillance des chiens mordeurs ainsi que les actes de prophylaxie.
→ Mon Compte Formation : www.bit.ly/361ulaY
→ Formation des salariés du secteur privé : www.bit.ly/2FU9yLR
→ Fonds Interprofessionnel de Formation des Professionnels Libéraux : www.fifpl.fr
→ Demander une habilitation sanitaire : www.bit.ly/2FU9AmX
→ Pôle emploi – Votre projet professionnel : www.pole-emploi.fr/accueil/