HOMESTAGING : RAFRAÎCHIR SA CLINIQUE À PRIX RÉDUIT - La Semaine Vétérinaire n° 1870 du 09/10/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1870 du 09/10/2020

AMÉNAGEMENT

ENTREPRISE

Auteur(s) : JACQUES NADEL

La conjoncture économique et les incertitudes liées à la crise sanitaire peuvent inciter à revoir à la baisse le budget d’un projet de rénovation. Le relooking ou réagencement partiel, qui reprend les codes du homestaging, terme largement popularisé dans l’immobilier, est une solution intermédiaire pour limiter l’investissement tout en apportant un brin de fraîcheur, une touche plus fonctionnelle et conviviale à la clinique vétérinaire.

Quelques milliers d’euros suffisent parfois à créer l’impulsion décisive qui changera l’image de l’établissement de soins vétérinaires. Des aménagements et transformations bien ciblés vont donner une nouvelle identité à la clinique (cabinet) vétérinaire. C’est prouvé. Une touche plus esthétique et moderne apportée à la salle d’attente, à l’espace de vente ; des linéaires et gondoles de présentation des APE/API, hygiène et soins, Petfood entièrement customisés ; des fonds des meubles rafraîchis en collant des panneaux en bois mélaminés ou en vinyle adhésif ; le changement d’un sol fatigué, usé par les coups de griffe de nos amis à quatre pattes, ou démodé, le remplacement d’un faux plafond, l’optimisation d’un éclairage… Tous ces éléments participent effectivement à rehausser l’ensemble.

Le principal levier du relooking est la valorisation des éléments existants et l’économie de gros travaux. Un réagencement à moindres frais est possible, à partir du moment où l’on ne prévoit pas de travaux de structures (murs, redistribution des salles, agrandissement, façade, …) qui font bondir la facture.

Le fait d’éliminer les éléments obsolètes, d’améliorer le confort, la propreté et la sécurité de la salle d’attente (en compartimentant canins et félins avec du mobilier vétérinaire spécifique, par une communication visuelle réfléchie avec la mise en place d’écran TV, de panneaux, petites annonces…), de repositionner le mobilier dans l’entrée, d’aménager un accueil spécial handicapés, de déplacer certains comptoirs ou le mobilier de présentation dans l’espace unique d’accueil et de vente, pour améliorer la circulation vers les salles de consultation et mieux orienter les flux clients, de jouer avec les couleurs, afin de donner un côté plus chaleureux, aboutit à un résultat souvent bluffant.

Valoriser l’existant

Si certains agenceurs restent peu adeptes de cette technique, estimant qu’il est souvent préférable d’attendre plutôt que de faire un maquillage superficiel qui fera perdre de l’argent, Jean-François Chaminaud, fondateur de la société Agencement & Relooking, est de ceux qui la défendent et l’appliquent : « C’est une solution qui est rapide à mettre en œuvre - 3 jours d’intervention pour un budget sans corps d’état -, efficace en termes d’attractivité marchande avec des budgets moindres que le réagencement. »

Faire du neuf avec du vieux, indéniablement, le concept plaît. « Les demandes pour des projets partiels ou des projets à budgets restreints sont devenues courantes », rapporte Elisa Robert, experts en « re/style » chez Mobil M.

Si bien que plusieurs agenceurs se sont spécialisés dans ce type de prestations, ont formalisé leur offre dans le domaine du relooking ou réagencement à petits budgets, à l’instar de Mobi M. « Un relooking peut se révéler pertinent entre deux agencements dont la fréquence est en général tous les 8 à 10 ans », souligne Elisa Robert.

Jean-François Chaminaud milite pour une autre stratégie et un autre modèle économique : une évolution de l’agencement tous les 2 ou 3 ans plutôt qu’un agencement profond qui perdrait dans ce laps de temps de 10 à 30 % de son attractivité et de ses per formances. « Investir 30 000 euros et plus n’est pas forcément une dépense pertinente, le but est de dépenser moins avec un retour sur investissement le plus rapide possible et l’attractivité la plus longue possible en mettant en place un programme de révision à long terme du homestaging en plusieurs étapes. » Mais les esprits ne sont pas encore très réceptifs à cette nouvelle approche !

Le relooking est un travail inventif qui valorise l’existant mais peut se révéler au moins aussi complexe si ce n’est plus, qu’un réagencement total car il est plus tributaire des éléments qui sont en place. Et d’une certaine manière, il demande plus de créativité. « Il faut faire preuve d’imagination pour utiliser au mieux l’existant, le relooking demande autant de travail, de temps, il faut des idées, jouer sur les accessoires, trouver sans cesse des astuces », explique Elisa Robert. Les astuces, « ça peut être, par exemple, intégrer une table de consultation ou un mobilier de rangement dans le bureau du vétérinaire, désosser un meuble imposant et transformer l’espace disponible en salle de pause pour le personnel, remplacer les dalles d’un faux-plafond… ou des meubles d’exposition surannés par des linéaires métalliques bon marché, etc. », illustre-t-elle. Les exemples peuvent être infinis. Même tonalité dans les propos de Maurine Nicosia, fondatrice de l’agence d’architecture d’intérieur Intemporelles : « Parfois de simples petits détails apportent une touche plus fonctionnelle et conviviale à un espace de vente. »

Le merchandising : une autre cible du « Vetostaging »

En relooking, il faut déterminer précisément les problématiques et jouer sur les accessoires. Pour Jean-François Chaminaud, les points prioritaires pour valoriser l’offre sont la signalétique, la circulation et l’éclairage. Même si le merchandising est limité dans l’espace de vente d’une clinique (cabinet) vétérinaire, lorsqu’il n’est plus au goût du jour, il devient beaucoup moins efficace. « Avec le temps, le merchandising et l’exposition des produits dans l’espace de vente sont devenus moins rigoureux, faisant perdre de la visibilité à l’offre. Le relooking a aussi pour objectif de corriger le merchandising, de supprimer toutes les nuisances visuelles et les obstacles physiques qui réduisent la fonctionnalité du lieu et des éléments qui le composent », explique-t-il.

La lumière, ça change tout !

La priorité doit être donnée à la recherche du meilleur effet visuel au moindre coût. Le travail de la lumière peut parfois se révéler plus probant que de changer le mobilier. La perception d’un meilleur éclairage tient parfois juste au simple fait de repeindre un plafond en blanc. Ou bien il suffit de réorienter les spots, de les rapprocher, d’améliorer la luminosité, sans toucher à l’installation électrique. L’éclairage, c’est même le point le plus important pour Maurine Nicosia : « Si l’éclairage est défaillant ou inefficace, notre travail sera moins visible, le remplacement de toutes les ampoules à iodures par des leds moins gourmandes en énergie et dirigées sur les produits suffit. »

Le réagencement partiel se distingue par sa rapidité d’exécution et le retour sur investissement est garanti - gain en termes d’image, d’identité visuelle, de fidélisation, de chiffre d’affaires… Les vétérinaires s’y retrouvent largement.

ENTRE 2 000 ET 15 000 EUROS

En relooking, il n’y a pas ou peu de travaux de gros œuvre (murs, sol, plafond, éclairage). Et pour faire baisser la facture, les idées ne manquent pas. Beaucoup d’agenceurs jouent sur le mobilier, un des gros postes du budget d’une rénovation, en travaillant avec des matériaux plus simples et moins coûteux, mais tout aussi efficaces, comme le métal.

La différence en termes d’économies est très marquée. Un relooking est beaucoup moins onéreux qu’un agencement traditionnel, les prix variant de 2 000 € à moins de 15 000 € HT.