BIODIVERSITÉ
PRATIQUE MIXTE
FORMATION
Auteur(s) : SAMUEL BOUCHER*, MONIQUE L’HOSTIS**
Melipona est un genre qui regroupe plus de 400 espèces d’abeilles qui ne piquent pas mais… peuvent mordre ! Elles vivent généralement dans des forêts tropicales, dans des cavités du sol, des troncs creux. Ce sont des insectes sociaux évoluant en colonies formées d’une reine pondeuse, de mâles et d’ouvrières. Une trentaine de ces espèces est exploitée par l’homme.
En France, la Guyane et la Guadeloupe ont des espèces de mélipones à forte valeur patrimoniale. La méliponiculture s’y développe, et l’exploitation débute par la mise en ruche d’un nid sauvage récolté en forêt dans des ruches, en terre cuite ou en rondins, ou de simples boîtes. Les ruches sont placées traditionnellement contre le mur des habitations. Néanmoins, l’avenir des mélipones reste incertain du fait de la déforestation aboutissant à des populations moins productives et économiquement moins intéressantes. Certaines espèces sont en voie d’extinction.
Les entrées des nids sont souvent très petites et permettent de n’être gardées que par un seul individu. Le couvain y est disposé sur des rayons horizontaux, les alvéoles des reines étant situées en bordure. Le miel et le pollen sont stockés dans des outres molles de 5 à 40 mm de haut. Le nid est parfois enfermé dans une structure en batumen (mélange de résine, de cire, d’excréments, de boue, d’huile…) dur, sombre et imperméable, protégeant le couvain de l’eau et des ennemis.
La reine a la même taille que les ouvrières et peut vivre de 3 à 7 ans. Plusieurs reines fécondes, dont une seule gravide, cohabitent dans la colonie. Le cycle dure une quarantaine de jours, l’ouvrière vit 40 à 52 jours. Chez certaines espèces, les ouvrières sont spécialisées dans la recherche de nourriture (nectar, pollen ou gomme végétale), d’autres sont plus polyvalentes.
Pour récolter la nourriture, les mélipones communiquent grâce à un système tridimensionnel bien adapté aux forêts tropicales. Il indique les hauteurs des sources de nectar et de pollen dans la forêt. Les sources alimentaires sont constituées de pollen, de nectar et de gomme végétale, transformée en propolis. Lors de l’essaimage, quelques abeilles transportent des nouveaux matériaux vers le nid secondaire, puis sont rejointes par d’autres, et enfin par la reine qui établit une nouvelle colonie.
Les mélipones ont peu de maladies connues mais elles partagent les prédateurs des abeilles du genre Apis situés sur le même territoire (oiseaux, araignées, lézards et autres insectes). La mouche phoride Pseudohypocera kerteszi qui ingère larves et miel est un de ses bons ennemis, tout comme la guêpe parasitoïde Philanthus qui pond ses œufs dans les abeilles pour y développer ses propres larves. La mouche soldat noire Hermetia illucens, qui mange la matière organique de la ruche, et les fourmis, qui ingèrent le miel, peuvent également mettre à mal la survie de la colonie. Aethina tumida a été trouvée dans des ruches de mélipones.
Le « miel » des mélipones a un taux d’humidité qui avoisine les 30 %. Il est donc impossible de produire et d’exporter réglementairement ce « sirop » sous la dénomination de miel. Dans la ruche, ce sirop est stocké par les abeilles dans des outres à miel. Il sera récolté au moyen d’une seringue ou d’une petite pompe à vide. Le miel de mélipones, du fait de sa haute teneur en eau, se conserve mal et doit être consommé rapidement après sa récolte, sous peine de fermenter malgré une activité antibiotique élevée qui freine le processus. La récolte annuelle de « sirop » produit par une colonie varie entre 200 g et 5 kg. Mais si la récolte de miel de mélipones est plus modeste que celle de l’abeille noire Apis mellifera, son prix en est beaucoup plus élevé et la production fait souvent l’objet d’un label « commerce équitable ». Il est considéré par certains Sud-Américains comme ayant des propriétés médicinales.