Récit d’émancipation

Primé au dernier Festival d’Annecy, le second long métrage de Rémi Chayé, le réalisateur de Tout en haut du monde¹ (2016), réinvente les aventures de jeunesse de Calamity Jane pour nous offrir un superbe western à hauteur d’enfant.

1863, nous sommes au temps de la conquête de l’Ouest et de la fièvre de l’or. Martha Jane et sa famille - son père et ses deux cadets - se sont joints à un convoi de colons qui traverse d’immenses plaines en direction de l’Oregon. Quand le père se blesse et ne peut plus conduire leur chariot, Jane veut pouvoir le faire elle-même à la place du fils du très rigide chef du convoi. Troquant sa robe pour un pantalon et se coupant les cheveux, elle apprend à monter à cheval et à manier le lasso. Ce comportement ne tarde pas à indigner la petite communauté qui, bientôt, va l’accuser de vol. Bien décidée à rétablir la vérité, la fillette s’enfuit. Les aventures qui l’attendent achèveront de l’émanciper.

À travers cette jeune effrontée, le film interpelle le conformisme et la question du genre. Il apprend aussi à se méfier des apparences. Destiné au jeune public, le scénario ne cède à aucune facilité narrative, avec des personnages bien construits, nuancés, jamais simplistes. L’approche graphique, surtout, est admirable. Le beau minimalisme du précédent film (absence de trait de contours et aplats de couleurs) se parfait ici par d’impressionnants assemblages de teintes qui, entre abstraction et réalisme, transfigurent les lumières et la démesure de l’Ouest sauvage.

1. Voir La Semaine vétérinaire n° 1659 du 20/01/2016, page 47.

Calamity, Une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé, avec les voix de Salomé Boulven et Alexandra Lamy, France/Danemark, 1h22, sortie le 14 octobre.