UN SOUS-TYPE ZOONOTIQUE DE CRYPTOSPORIDIUM PARVUM IDENTIFIÉ CHEZ DES OVINS EN FRANCE - La Semaine Vétérinaire n° 1870 du 09/10/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1870 du 09/10/2020

RECHERCHE

PRATIQUE MIXTE

FORMATION

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

Cryptosporidium est un parasite protiste intracellulaire obligatoire qui infecte un large éventail d’hôtes vertébrés, y compris l’homme1, et constitue ainsi une menace importante pour la santé publique. Responsable chez les jeunes ruminants (veaux, agneaux et chevreaux) de diarrhée, déshydratation, retard de croissance et perte de poids, la cryptosporidiose entraîne souvent la mort, et par conséquent des pertes économiques considérables2.

Un problème de santé publique

Les jeunes ruminants sont considérés comme une source potentielle d’infection dans plusieurs foyers de cas humains3. Jusqu’à présent les études moléculaires de Cryptosporidium se sont principalement intéressées aux espèces présentes chez les veaux et les chevreaux, et peu de données sont disponibles sur les ovins. C’est pourquoi cette étude, publiée récemment, a été menée afin de caractériser le parasite d’un point de vue moléculaire et génétique chez les agneaux de deux départements français (Tarn et Haute-Vienne), notamment pour mieux comprendre l’épidémiologie de la maladie (potentiel de réservoir zoonotique pour l’homme).

De nouvelles données moléculaires et génétiques

Au cours de ce travail, 23 échantillons de matières fécales ont été prélevés dans le rectum d’agneaux diarrhéiques de moins de 11 jours dans 7 fermes sélectionnées au hasard de ces deux départements. Dans tous les échantillons, la présence d’oocystes de Cryptosporidium a été mise en évidence au microscope (seuil de positivité d’un oocyste par lame) par des tests d’immunofluorescence directe (IFD). Les échantillons dont l’IFD était positive ont été soumis à une extraction génomique de l’ADN et ont été sous-typés (base de données GenBank). Les résultats ont permis de montrer que parmi les 38 espèces de Cryptosporidium connues, C. parvum est la seule à avoir été identifiée. L’analyse du locus glycoprotéique 60 kDa de C. parvum (gp60) a révélé des sous-types spécifiques à l’homme ainsi que certains zoonotiques (sous-type IIaA15G2R1 par exemple).

Des travaux à poursuivre

Ces données sont cohérentes avec celles déjà obtenues dans plusieurs autres études sur les ovins. Ainsi, au Royaume-Uni, en Pologne et en Nouvelle-Guinée, la famille du sous-type IIa de C. parvum, zoonotique, est dominante4, 5, tandis qu’en Espagne, en Roumanie et en Australie c’est la famille des sous-types IId qui est la plus fréquemment retrouvée6, 7, 8. Il semblerait donc que les agneaux puissent également être des réservoirs importants pour les sous-types zoonotiques de C. parvum en France, mais des études supplémentaires sont toutefois nécessaires pour déterminer si cette observation se vérifie dans d’autres régions du pays, à une plus grande échelle géographique et pour mieux comprendre l’épidémiologie et la dynamique d’évolution de cette maladie dans les élevages ovins.

Article rédigé à partir de l’étude de Adjou K., Mammeri M, Cartou L, Chevillot A et coll., First identification of Cryptosporidium parvum zoonotic subtype IIaA15G2R1 in diarrheal lambs in France, Vet Parasitol. : Reg Stud and Reports, 2019 Dec;18:100355. doi: 10.1016/j.vprsr.2019.100355.

Les auteurs de l’étude remercient les vétérinaires praticiens ayant participé à la récolte des prélèvements : Dr J. Visse, Dr P. Autef, Dr N. Emeriau et le Dr G. Vautrain.