COMMENT INTERPRÉTER UN ECG CHEZ LE CHEVAL AU REPOS ? - La Semaine Vétérinaire n° 1871 du 16/10/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1871 du 16/10/2020

CARDIOLOGIE

PRATIQUE MIXTE

FORMATION

Auteur(s) : MARION BOIDOT

CONFÉRENCIÈRE

JULIE DAUVILLIER, vétérinaire en médecine interne et sportive des chevaux pour Vet Inside. Webinar organisé le 9 juillet 2020 par l’Association vétérinaire équine française (Avef).

Quand recourir à un ECG ?

L’ECG permet de caractériser une arythmie découverte à l’auscultation, avec un intérêt majeur lors de détection au cours de visites d’achat ou d’auscultations prévaccinales. Il permet d’informer le propriétaire d’un impact éventuel sur les performances, de risques pour le cavalier, et de donner un pronostic.

Comprendre le fonctionnement électrique du cœur

L’interprétation du tracé ECG nécessite de connaître le fonctionnement du signal électrique qui parcourt le muscle cardiaque, depuis la base du cœur vers l’apex et les parois des ventricules.

Le nœud sino-atrial (NSA) est un noyau de cellules spécialisées situé à la base des veines pulmonaires dans l’oreillette droite ; il génère automatiquement un signal électrique qui permet la dépolarisation des oreillettes et leur contraction. L’onde P témoigne de la dépolarisation des oreillettes.

Le signal électrique parvient au nœud atrio-ventriculaire (NAV), qui le ralentit, permettant ainsi aux oreillettes de se contracter et de se vidanger avant la dépolarisation des ventricules.

Le signal atteint l’apex et les parois des ventricules via le faisceau de His et les fibres de Purkinje, entraînant la dépolarisation des ventricules et leur contraction. Le complexe QRS témoigne de la dépolarisation des ventricules, et l’onde T de la repolarisation des ventricules.

Notons que le tracé ECG ne montre pas la repolarisation des oreilles, dont l’onde est noyée dans le complexe QRS.

Chez le cheval, les troubles de la conduction du signal à l’intérieur du muscle cardiaque sont rares, la lecture de l’ECG est surtout une étude du rythme.

L’interprétation du tracé

L’interprétation du tracé doit suivre des étapes systématiques :

• Qualité du tracé

Le tracé ECG doit avoir une ligne de base la plus isoélectrique possible. Les réglages habituels sont 25-50 mm/seconde et 1 cm/mV. Il faut reconnaître d’éventuels artefacts, qui seront généralement plus fins que les complexes QRS normaux – contrairement aux complexes QRS surnuméraires.

• Fréquence cardiaque

La fréquence cardiaque est une clé d’interprétation des anomalies du rythme. Il faut la recalculer en comptant les complexes QRS ou en auscultant l’animal, et ne pas se fier à la valeur donnée par l’appareil.

• Rythme cardiaque

Recherche du rythme de base : il s’agit du rythme des complexes QRS (correspondant au rythme des battements cardiaques). Régularité du rythme : l’espace entre 2 complexes QRS doit être identique à chaque battement ; dans le cas contraire, il faut vérifier si cette irrégularité est prédictible, “régulièrement ou irrégulièrement irrégulier” (schéma ci-dessous).

Rythme sinusal : il faut déterminer si chaque complexe QRS est précédé d’une onde P (schéma ci-dessous).

Conduction électrique du nœud atrio-ventriculaire : il faut déterminer si chaque onde P est suivie par un complexe QRS (schéma ci-dessous). Origine des anomalies : il faut identifier d’éventuels complexes QRS surnuméraires et les caractériser :

- un QRS surnuméraire de forme normale, précédé d’une onde P, correspond à une extrasystole supraventriculaire ;

- un QRS surnuméraire large, non précédé d’une onde P, correspond à une extrasystole ventriculaire.