VERS LA CRÉATION D’UN HAUT CONSEIL UNE SEULE SANTÉ ? - La Semaine Vétérinaire n° 1871 du 16/10/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1871 du 16/10/2020

STRATÉGIE

ANALYSE

Auteur(s) : MARINE NEVEUX

L’Assemblée nationale a accueilli en ses murs le 1er octobre dernier un colloque sur le One Health, qui a souligné la nécessité d’encourager l’expertise pluridisciplinaire et de décloisonner les santés humaine, animale et environnementale.

La visioconférence, menée par Yolaine de Courson, députée de la Côte-d’Or et notre confrère Loïc Dombreval, député des Alpes-Maritimes, était de rigueur le 1e octobre dernier à l’Assemblée nationale pour le « Colloque One Health : Une seule planète, une seule santé, décloisonner les trois santés, humaine, animale et environnementale ». Plus de 300 participants avaient répondu présents à l’invitation. Le concept One Health n’est pas nouveau comme le rappelle Christophe Degueurce, directeur de l’École nationale vétérinaire d’Alfort. Le sommet de cet esprit se situe en 1820 avec la création de l’Académie de médecine qui s’intéresse à la santé publique.

L’influence des épidémies

« Ce concept One Health a retrouvé un regain d’intérêt dans les années 2000 face à la menace de la grippe aviaire », rappelle Monique Eloit, directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). L’Organisation mondiale de la santé, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture et l’OIE ont établi une alliance tripartite pour une meilleure action face aux risques de pandémie. La pandémie de Covid-19 a eu des effets positifs sur la collaboration : « Les réseaux existent, les experts sont facilement mobilisables. » Persistent toutefois des lacunes : « Nous n’avons pas été capables, tous les trois, de pouvoir nous exprimer sur les risques liés aux marchés d’animaux vivants, dont les espèces sauvages. Le système est trop en silo. » De même, la valence environnementale n’est pas encore assez effective.

Passer à des actions concrètes

Comment rendre plus effectif le concept ? « En encourageant la pluridisciplinarité et l’interdisciplinarité dans l’enseignement et en favorisant l’expertise pluridisciplinaire », estime Didier Houssin, ancien directeur général de la Santé. Abordant la production du droit, il reconnaît que dans le cas de la santé environne mentale, la production du droit à travers l’interministérialité va se heurter à des intérêts sociaux économiques. « Les enjeux prioritaires sont de préserver l’indépendance de l’expert, de conserver aussi le tissu économique, et dans les arbitrages finaux de garder le cap de la protection de la santé des populations. »

Quelle mise en œuvre opérationnelle dans les politiques ? « Maintenant il faut passer à des actions concrètes ! » renchérit notre confrère Jean-Luc Angot, président de l’Académie vétérinaire. Peut-être faudrait il un délégué interministériel au One Health ? Et avoir une plus grande collaboration entre la surveillance animale, végétale et la sécurité sanitaire des aliments, ainsi qu’au niveau local. Jean-Luc Angot évoque aussi la création d’une structure au niveau international : un haut conseil Une seule santé rattaché au secrétaire général des Nations unies. « Ce haut conseil serait composé de différents experts, il traiterait aussi bien la recherche fondamentale que les actions cliniques, il formulerait des recommandations, il renforcerait la coordination des organisations, le recensement et le pilotage d’actions collaboratives, il identifierait les lacunes et les besoins en recherche… » On pourrait utiliser le terme de One Life.

« Le One Health peut nous permettre de mieux anticiper et gérer l’irruption d’une pandémie », conclut Loïc Dombreval. Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, évoque la création d’un « poste sur le modèle du Giec pour le climat, un Haut Conseil, avec un enjeu double : fournir dès la première alerte des recommandations dont les responsables politiques ont besoin pour enrayer l’épidémie naissante, et donner des points factuels et actuels. La logique du chacun pour soi est une impasse et nous met tous en danger. »