ÊTES-VOUS POUR OU CONTRE LES RÉSEAUX ? - La Semaine Vétérinaire n° 1872 du 23/10/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1872 du 23/10/2020

EXPRESSION

LA QUESTION EN DÉBAT

Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD

Choisir de faire ou non partie d’un réseau est une décision managériale forte. Et si l’on veut faire alliance, attention à bien choisir, car tous les réseaux n’offrent pas des conditions d’exercice équivalentes.

NE PAS SE LAISSER ATTIRER PAR DES SIRÈNES !

CHRISTOPHE HUGNET (L 93)

Praticien mixte à La Bégudede-Mazenc (Drôme)

Attention, c’est justement parce que le modèle du vétérinaire libéral est une réussite économique qu’il y a des structures d’investissement externes qui s’intéressent à nous… Adopter une telle stratégie avec certains réseaux ou groupes conduit à mon avis à une perte d’indépendance en termes d’investissements et à l’impossibilité de mener comme on l’entend sa propre carrière. Rester indépendant est pour moi un gage de qualité des soins puisque le praticien décide, en accord avec le propriétaire de l’animal, d’une voie thérapeutique à suivre, sans être influencé par une quelconque directive hiérarchique supérieure. Car si le capital appartient à une marque de petfood ou à une assurance, le vétérinaire court le risque que l’on veuille par exemple l’inciter à privilégier l’usage de tel ou tel service ou produit… Donc, franchement, je pose la question à notre profession : est-il bien raisonnable de vouloir travailler afin d’accroître la rentabilité d’un fonds de pension américain, alors même que l’on jouit de l’opportunité d’être un praticien qui exerce son métier au service des animaux, dans le cadre de la santé publique en France ?

L’INDÉPENDANCE EST UNE BELLE AVENTURE !

CAROLINE DABAS (T 93)

Praticien canin à Langon (Gironde)

Je préfère rester indépendante car je considère que n’importe quelle profession libérale - avocat, médecin, etc. - ne garde de légitimité qu’à condition d’agir uniquement dans l’intérêt du client, sans nullement servir l’intérêt d’autres acteurs économiques. Autrement, on n’est plus libéral, mais prestataires de services ! Je pense que c’est aussi ce qui forme la pierre angulaire de notre éthique. Par ailleurs, j’aime l’idée que l’argent qui transite par ma clinique serve à enrichir le tissu économique local, et non pas un actionnaire installé quelque part sur la planète. Et si l’on fait partie d’un réseau, il faut faire remonter un certain pourcentage de son chiffre d’affaires vers l’actionnaire non exerçant, ce qui revient donc à appauvrir sa propre entreprise. Je ne vois pas non plus quel intérêt un libéral peut avoir à choisir ainsi un partenaire financier externe qui est plus cher que sa propre banque… Par ailleurs, nombre de nos jeunes vétérinaires souhaitent aussi être des chefs d’entreprise indépendants. Encourageonsles donc dans la voie de cette belle aventure managériale !

J’AI REJOINT LE RÉSEAU UNIVET

JEAN-JACQUES BYNEN (L 87)

Praticien canin à Beaune (Côte-d’Or) et Chagny (Saône-et-Loire)

Depuis ce printemps, comme je fais partie du réseau Univet (42 cliniques), la pérennisation de l’entreprise et de ses collaborateurs est assurée… Je me retrouve dans les valeurs de ce réseau : qualité des soins, priorité à la santé des patients, bien-être au travail de l’équipe soignante, etc. Des valeurs sociétales y sont même défendues via Univet Nature, une ONG de protection des animaux et de la forêt primaire. Quant aux fonctions support du réseau, elles me facilitent bien la vie pour tout ce qui concerne la comptabilité, la gestion, les ressources humaines…. Mais surtout, les vétérinaires y sont indépendants : le capital, les droits de votes et les droits économiques sont aux mains des vétérinaires. Enfin, l’ensemble des associés du réseau travaille en commun au sein d’un comité de vétérinaires : après en avoir discuté, c’est ce comité de vétérinaires qui oriente vers le choix de tel ou tel médicament ou de tel ou tel protocole… C’est un partage enrichissant de pratiques. Et ne me dites pas que je ne suis plus libre : dès qu’on est 2 associés dans une structure, on ne l’est plus complètement non plus !