LES GDS : UN MODÈLE À SUIVRE POUR LA GOUVERNANCE SANITAIRE GLOBALE ? - La Semaine Vétérinaire n° 1872 du 23/10/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1872 du 23/10/2020

ONE HEALTH

PRATIQUE MIXTE

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

Le Congrès national des groupements de défense sanitaire (GDS) France, qui s’est tenu le 10 septembre dernier à Rodez, en Aveyron, a été l’occasion de considérer le rôle des groupements de défenses sanitaires (GDS) en santé vétérinaire et de voir comment calquer ce modèle en santé humaine.

La majorité des maladies émergentes chez l’homme vient des animaux car ils partagent le même environnement », a constaté Gilles Salvat lors du congrès national des groupements de défense sanitaire (GDS) France, qui a eu lieu le 10 septembre dernier à Rodez (Aveyron) et a réuni des intervenants aux profils variés1 pour s’interroger sur la gouvernance sanitaire actuelle de la France2. En effet, dans le contexte actuel d’épidémie de Covid-19, la santé globale est au cœur des préoccupations au travers du concept One Health (One Health, EcoHealth, One Welfar e). Or, comme l’a indiqué un participant, « la gestion de la santé, les GDS la connaissent bien car ils sont entourés des services de l’État et de leurs partenaires en matière de santé animale et ils ont une expertise de longue date dans le domaine ». « Si nous travaillons tous ensemble en partageant notre expérience pour construire une santé unique, on pourra certainement aller plus vite et plus loin », estime Gilles Salvat.

Des spécificités propres

À cet égard, le réseau sanitaire national en santé animale pourrait jouer un rôle, sous réserve de modifier l’organisation actuelle. En effet, les GDS mènent des actions collectives en élevage permettant la mise en place de plans de prévention, de surveillance ou de lutte contre les maladies animales. Cependant « il existe une grande différence d’approche sanitaire entre celle de l’homme et celle des animaux d’élevage. La médecine humaine est avant tout une médecine des individus alors que celle des animaux de rente est une médecine des populations », constate un des adhérents. De plus, la surveillance est la base de toute action collective en matière sanitaire. Or, le suivi et l’identification des animaux, et de leurs contacts potentiels, est beaucoup plus facile pour des populations animales, selon l’un des conférenciers. « La population n’est que très peu éduquée et faiblement sensible aux mesures de surveillance et de biosécurité collectives à mettre en place », a-t-il fait remarquer. D’ailleurs, en sont l’illustration les désaccords actuels entre les partisans du respect de la liberté individuelle et le gouvernement au sujet des mesures de surveillance de la propagation du Covid-19, comme l’application Stop Covid.

Des échanges à développer

« Il serait toutefois intéressant de lutter contre le cloisonnement actuel en matière de santé en France par des échanges et des partages d’expérience entre santé publique vétérinaire et santé publique humaine », ajoute un participant. « Aujourd’hui, quand un médecin reçoit un patient, éleveur ou propriétaire d’un animal de compagnie, pour une maladie zoonotique, il n’a pas toujours le réflexe de consulter ses homologues en médecine vétérinaire. » De plus, selon un autre membre des GDS, on pourrait prendre pour modèle en santé humaine les campagnes de prophylaxie de médecine vétérinaire rurale, qui reposent sur un « réseautage » avec la délégation de missions de service public vers des acteurs libéraux. « C’est peut-être une réflexion qu’il faudra qu’on tienne pour vacciner toute la population quand on aura un vaccin disponible contre le Covid-19 », a ainsi ajouté un conférencier. La structuration de réseaux locaux entre médecins et vétérinaires, notamment via des forums ou des séminaires, est aussi intéressante pour faciliter les échanges.

De nombreuses possibilités d’évolution

« Dans ce domaine, il y a donc une marge de progression importante, ajoute un intervenant, même si certaines initiatives se sont déjà mises en place. Ainsi, au niveau national, les ministères de la Santé, de l’Agriculture et l’ensemble des agences sanitaires nationales se réunissent à un rythme hebdomadaire pour une réunion de sécurité sanitaire. Ces moments d’échanges pourraient aussi être transposés à l’échelle territoriale pour des concertations entre agences régionales de santé (ARS) et professionnels de santé sur la sécurité sanitaire » Comme l’a conclu un conférencier, « l’objectif est de capitaliser sur les forces, expertises et compétences de chacun pour favoriser une sécurité sanitaire collective, et dans cette approche les GDS feront partie des acteurs essentiels. »

1. Virginie Alavoine, cheffe du service des actions sanitaires en production primaire à la Direction générale de l’alimentation ; Christophe Moulin, secrétaire général de GDS France ; David Quint, vétérinaire praticien en Corrèze ; Gilles Salvat, directeur général délégué Recherche et Référence de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) ; Aurèle Valognes, directrice du laboratoire vétérinaire de la Mayenne ; Françoise Weber, médecin.

www.gdsfrance.org

LES GDS ET LES ÉLEVEURS : UN SYSTÈME « DONNANT-DONNANT »

Les groupements de défense sanitaire, associations d’éleveurs professionnels, se sont constitués au sortir de la Seconde Guerre mondiale pour anticiper l’action sanitaire dans l’intérêt de leurs adhérents et de la population générale. Même si lors de leur constitution, les éleveurs ont pu les voir comme une contrainte, actuellement ils semblent avoir complètement intégré les enjeux et l’intérêt collectif des missions sanitaires des GDS. Ces derniers ont pour objectif de prévenir la survenue de maladies graves en élevage et leurs conséquences économiques, mais aussi d’intervenir le plus tôt possible lors de foyers de contamination.