VISER JUSTE - La Semaine Vétérinaire n° 1872 du 23/10/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1872 du 23/10/2020

ÉDITO

Auteur(s) : TANIT HALFON

Fonctions : Rédactrice

Les dispositions législatives1 entérinées par l’Assemblée nationale début octobre seront-elles suffisantes pour stopper la désertification vétérinaire pour les animaux d’élevage ? Peut-être. En témoignent les mesures de soutien financier pour le suivi sanitaire de l’élevage de montagne, déjà mises en œuvre dans les Alpes-Maritimes, et qui ont fait preuve de leur efficacité. Mais ne soyons pas non plus naïfs : la question est suffisamment complexe, car multifactorielle, pour être réglée par un seul type de mesures. Pour un certain nombre de nouveaux diplômés, l’attractivité territoriale passe aussi par un lieu non déserté par les services publics, les commerces, les loisirs, etc., et dans lequel il est possible de concilier un minimum sa vie professionnelle et personnelle. La permanence et la continuité des soins sont aussi des questions urgentes à régler dans ces territoires ruraux. Sans oublier celles de la rentabilité des élevages et de la relation avec les éleveurs. Ceci dit, d’autres actions ont déjà été engagées, comme les stages tutorés en zones rurales, ou encore l’évolution des modalités de recrutement dans les écoles. Tout récemment, a été remis sur le tapis le projet d’une cinquième école vétérinaire, et les sénateurs de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication ont adopté le 14 octobre dernier un amendement ouvrant la possibilité de « création d’écoles vétérinaires privées d’intérêt général […] à but non lucratif ». Pourtant, le président de l’Ordre, Jacques Guérin, l’a souvent répété, et une fois encore dans le communiqué de presse saluant les récentes mesures incitatives votées par le Parlement : « Le maintien d’un maillage vétérinaire en France n’est pas une question de nombre de diplômes vétérinaires inscrits au tableau de l’Ordre, ni une question de genre, mais bien une question d’attractivité des territoires, une question économique pour les sociétés vétérinaires et une question d’équilibre vie professionnelle/vie personnelle. » En outre, presque la moitié des nouveaux inscrits au tableau de l’Ordre en 2019 ne viennent pas des écoles vétérinaires françaises. Le projet d’une cinquième école servirait-il vraiment l’intérêt de la profession et plus particulièrement au maillage ? A-t-il été débattu avec toutes les parties prenantes ? N’est-il pas à craindre que cela détourne l’attention d’autres actions plus pertinentes ? Ne nous trompons pas de direction.

1. www.bit.ly/35hgFqs

Dans un communiqué du 21 octobre, l’Ordre prend acte de l’amendement et des discussions en cours sur la cinquième école, et estime le principe d’une école privée légitime, vu que cela est autorisé au sein de l’Union européenne pour la formation des vétérinaires et reconnu par la directive 2013/55/UE.