BILAN DU PREMIER CONFINEMENT : LES CLINIQUES SE SONT ADAPTÉES - La Semaine Vétérinaire n° 1874 du 06/11/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1874 du 06/11/2020

COVID-19

ANALYSE

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

L’enquête menée par Clémentine Prat, étudiante de seconde année à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT), vient de livrer ses résultats. Son objectif : tenter d’évaluer la réponse des cliniques vétérinaires françaises au confinement de mars dernier ainsi que ses conséquences dans ces établissements pour les années à venir.

Un chiffre : 98. C’est le pourcentage de cliniques vétérinaires, toutes activités confondues, qui ont subi une baisse de chiffre d’affaires, comparé à 2019, dans au moins une de leurs activités, lors du confinement qui s’est déroulé du 17 mars au 11 mai 2020 (soit 55 jours), selon l’enquête1 réalisée par Clémentine Prat, étudiante vétérinaire de seconde année à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) encadrée par Guillaume Lhermie, professeur en économie de la santé animale et santé publique vétérinaire à l’ENVT.

De nombreux secteurs impactés

En effet, pendant cette période l’économie du pays a ralenti, mettant en péril certains secteurs d’activité comme les cliniques vétérinaires. Pour s’adapter aux recommandations, pour certaines contradictoires (notamment sur la prophylaxie et la vaccination), de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) et de l’Ordre national vétérinaire (CNOV), les cliniques ont dû modifier leur fonctionnement. C’est pourquoi, l’enquête de Clémentine Prat, diffusée entre le 11 mai et le 10 juin 2020, s’est intéressée à l’impact de cette mesure sur les structures vétérinaires françaises (économique, socioprofessionnel, etc.) ainsi que ses conséquences sur les années à venir. Parmi les 116 cliniques ayant répondu, 68 avaient une activité exclusivement canine, et 48 une activité mixte canine/ruminants ; les autres types d’activités (porcine, équine ou aviaire) étant marginales.

Des directives confuses

Il semblerait tout d’abord que, malgré les contradictions entre les directives données par le CNOV et celles de la DGAL au sujet des activités considérées « essentielles », les vétérinaires n’ont pas suivi les recommandations d’un organisme spécifique mais ont tiré le meilleur des conseils fournis pour adapter leur exercice. Ainsi, les activités autorisées ou celles au statut indéfini ont été maintenues par plus de 60 % des cliniques. Par ailleurs, les actes jugés non essentiels par un des organismes et essentiels par l’autre (prophylaxie, surveillance d’introduction) ont été maintenus dans plus de 70 % des cliniques.

Une activité bouleversée

D’un point de vue financier, à l’instar de nombreux autres secteurs, les pertes des vétérinaires liées au confinement sont palpables. En effet, par rapport à 2019, le chiffre d’affaires de 98 % des cliniques, toutes activités confondues, a baissé dans au moins une de leurs activités, comme les consultations, la délivrance de médicament et la vente de petfood (cf. graphique ci-contre). Toutefois, la délivrance de médicaments a augmenté au cours du mois d’avril pour plus de 40 % des cliniques. Ce phénomène pourrait s’expliquer, selon l’auteur, par des problèmes de santé vers la fin du confinement, conséquence d’un manque de suivi pendant les mois précédents. En parallèle de ces pertes, les salariés de 70 % des cliniques vétérinaires canines ont vu leur emploi du temps bouleversé après avoir été mis en arrêt de travail pendant toute la période. De plus, dans 78 % des cliniques au moins, un des employés a posé un arrêt de travail pour garder les enfants.

Des espoirs pour l’avenir

Et maintenant, quel avenir se dessine pour les cliniques ? Une fois le confinement passé, les vétérinaires interrogés étaient plutôt optimistes pour le futur. Ainsi, dans moins d’un quart des cliniques seulement, ils envisageaient de renoncer à leurs projets à l’horizon 2022 - développement de nouveaux services, gel des embauches. Toutefois, des restrictions sont quand même prévues pour les années à venir et, comme la majorité d’entre eux le redoutent, « les plus grosses difficultés restent certainement à venir avec la crise économique qui se profile », car les moyens de la clientèle risquent d’être affectés et le budget alloué aux dépenses vétérinaires s’en trouvera dès lors diminué2.

1. Évaluation de l’impact économique de la pandémie de Covid-19 pour la profession vétérinaire en France, Enquête réalisée dans le cadre du stage de seconde année de Clémentine Prat (ENVT).

2. 75 % des réponses des personnes participants à la conférence de Philippe Baralon et Lucile Frayssinet, Vet’Inspire sortie ou entrée de crise ? et maintenant, on fait quoi ?