« LORS DU PREMIER CONFINEMENT, LES CLINIQUES AVEC PLUSIEURS DIPLÔMÉS VÉTÉRINAIRES S’EN SONT MIEUX SORTIES » - La Semaine Vétérinaire n° 1874 du 06/11/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1874 du 06/11/2020

DOSSIER

Auteur(s) : LAURENT PERRIN

Fonctions : PRÉSIDENT DU SYNDICAT NATIONAL DES VÉTÉRINAIRES D’EXERCICE LIBÉRAL (SNVEL)

Quelles informations avez-vous sur les répercussions en activité canine de la crise ?

Depuis la fin de l’été, notre syndicat n’a été destinataire que de peu d’information de la part des praticiens sur les conséquences de la crise et, quoi qu’il en soit, pas assez pour en tirer de conclusions pertinentes… Cependant, le baromètre de l’activité PanelVet montre qu’en médecine des animaux de compagnie, après le rattrapage en fin de printemps-début d’été des actes qui avaient été reportés pendant le premier confinement, l’activité est restée soutenue… tout du moins jusqu’à l’annonce il y a quelques jours du second confinement ! Or, déjà avant cette décision, la crainte d’une récession économique avec aggravation du chômage et angoisse du lendemain pour les détenteurs d’animaux faisait déjà craindre un tassement de l’activité dans les mois qui viennent, même si la résilience qu’a précédemment montrée notre domaine d’activité lors de la crise de 2008 devrait rassurer les vétérinaires… Cependant, pour cette seconde période de confinement, nos cliniques peuvent rester ouvertes : il n’est pas prévu de restriction d’activité, hormis celles que les structures vétérinaires jugeraient nécessaires pour préserver la santé de leurs équipes et de leurs clients. De plus, le SNVEL va rester pleinement mobilisé pour s’assurer que les entreprises vétérinaires qui en auraient besoin puissent bénéficier des mesures qui seront prises par le gouvernement en termes d’accompagnement.

Y a-t-il eu des « perdants » et des « gagnants » durant le premier confinement ?

La segmentation ne me semble pas devoir se faire entre indépendants et réseaux. En fait, c’est la capacité à s’adapter aux contraintes de l’accueil des détenteurs, pendant les confinements et après, qui est importante. Le point critique est le nombre de diplômés vétérinaires présents dans chaque structure. En effet, qu’a-t-on observé lors du premier confinement ? Que pour être en mesure de rattraper le retard accumulé par le report des actes non urgents pendant le premier confinement, cela nécessitait d’augmenter les capacités d’accueil des propriétaires lors de la reprise. Or les structures qui regroupent trois diplômés ou plus sont plus souples et plus adaptables que celles disposant d’équipes plus restreintes. Comme les journées n’ont naturellement que 24 heures et les semaines 7 jours, il est plus simple d’augmenter le nombre de vétérinaires présents et d’allonger les plages horaires de réception du public quand la surcharge de travail se répartit sur plus de personnes.

Pouvez-vous nous donner un cas concret de changement impulsé par cette crise sanitaire ?

Par exemple, il est probable que les consultations libres ont dû diminuer au profit des rendez- vous. La hiérarchisation de l’urgence et de la pertinence de recevoir des animaux a été réalisée par téléphone sous la contrainte pendant le premier confinement. Cela devrait être le ferment du développement de la télémédecine qui a désormais une existence réglementaire depuis la parution du décret en Conseil d’État. Mais le tri par téléphone n’est pas une consultation de télémédecine. Les deux exercices sont totalement différents. Le développement de la télémédecine demande un réel engagement volontaire de la profession dans cette nouvelle opportunité, en particulier durant la phase d’expérimentation en cours, pour permettre de proposer une rédaction du décret définitif adaptée aux réalités du terrain.