Bos taurus

Infatigable conteur de l’histoire de la culture européenne, Michel Pastoureau poursuit son exploration de notre « bestiaire central¹ », ces espèces animales qui, dès les premiers âges, ont habité et marqué nos représentations collectives. Après l’ours, le cochon et le loup², ce nouveau livre se penche sur le taureau qui, comme l’écrivait Buffon, est « le plus sauvage de nos animaux domestiques ». Sa relation à l’homme, longue et contrastée, débute avec les impressionnantes représentations d’aurochs dans la grotte de Lascaux. Si l’ancêtre sauvage³ du taureau a définitivement disparu en 1627 en Pologne, sa domestication au Proche et Moyen-Orient il y a 10 000 ans a offert aux hommes du néolithique sa viande, sa peau, son lait, ses cornes… et surtout une incomparable force de travail. Revenant sur les nombreux mythes (grecs, nordiques) que le taureau inspira, l’historien montre qu’il fut divinisé à l’Antiquité, mais aussi énormément sacrifié. La chrétienté du Moyen-Âge valorisa le bœuf au détriment du taureau, alors diabolisé. Il faudra attendre la Renaissance pour le voir réhabilité. Il reste aujourd’hui un symbole de force et de fécondité, tandis que la vache, figure nourricière longtemps dévaluée - les expressions populaires comme « vacherie » en témoignent -, est devenue l’emblème de la campagne. Richement illustrée - les bovins abondent dans l’art européen -, cette histoire culturelle se clôt sur la corrida, désormais contestée et moins solidement ancrée dans nos traditions qu’on le prétend souvent.

1. Expression que l’on doit à notre confrère François Poplin (L 66) du Muséum national d’histoire naturelle.

2. Voir La Semaine vétérinaire n° 1828 du 24 janvier 2020, page 42.

3. Notre confrère Claude Guintard (N 87) lui a consacré un livre en 2014 : L’Aurochs, De Lascaux au XXI^e siècle, de Claude Guintard et Olivier Néron de Surgy, édition Gerfaut, 17 x 24 cm, 128 pages, 25 €.

Le Taureau, une histoire culturelle de Michel Pastoureau, éditions du Seuil, 19 x 24, 160 pages, 19,90 €.