Le méconnu du Grand Nord

Bien moins mis en avant que l’ours polaire, le bœuf musqué (Ovibos moschatus) est tout aussi emblématique des régions arctiques et de la menace du dérèglement climatique. Avec son épaisse toison de laine qui lui donne son aspect d’animal préhistorique et lui a permis de traverser les millénaires, ce patriarche de l’évolution n’est ni un bovin, ni musqué, mais un capriné. Comme en attestent des vestiges et quelques représentations dans les grottes ornées du paléolithique (Chauvet notamment), il habita nos latitudes avant de se replier à la fin de l’ère glaciaire vers l’Arctique, où il s’est particulièrement bien adapté à l’extrême-nord canadien et au Groenland. Victime d’une chasse massive, il faillit disparaître au XIX^e siècle mais, devenu un enjeu géopolitique, bénéficia au XX^e siècle de mesures de protection. Sa population s’élève aujourd’hui à 170 000 individus. Toutefois, elle reste fragilisée par sa faible diversité génétique et les risques épidémiques que font peser la promiscuité des troupeaux ovins et bovins domestiques.

En 1981, le médecin et anthropologue Robert Gessain, qui participa aux expéditions de Jean-Baptiste Charcot, de Paul-Émile Victor et dirigea le musée de l’Homme, consacra un livre¹ à Ovibos, dont il décrit la longue et forte relation avec les Inuits. Spécialiste des régions polaires, le photographe Rémy Marion² lui rend ici hommage en reprenant en partie ce texte épuisé et en remettant à jour, de manière précise et exhaustive, nos connaissances sur cet étrange et fascinant herbivore.

1. Ovibos, la Grande Aventure des bœufs musqués et des hommes de Robert Gessain, éditions Robert Laffont, Paris, 1981.

2. Voir La Semaine vétérinaire n° 1793 du 13 janvier 2019, page 46.

Ovibos, le Survivant de l’Arctique de Rémy Marion et Robert Gessain, préface de Vincent Munier, éditions Actes Sud (coll. Mondes sauvages), 11,5 x 21,7 cm, 288 pages, 22 €.