EXPRESSION
LA QUESTION EN DÉBAT
Auteur(s) : JACQUES NADEL
Alors que l’impact économique du second confinement pour les établissements de soins vétérinaires n’est pas comparable à celui du premier confinement, les mesures gouvernementales de soutien aux entreprises ont-elles été à la hauteur ?
TIMOTHÉE AUDOUIN (N 04)
Praticien en rurale au Meslay-du-Maine (Mayenne)
Mon activité a été peu impactée lors du premier confinement. Mais je ne pouvais pas le savoir au départ. Les errances des premières semaines sur les conditions d’ouverture des ESV m’ont incité à utiliser les mesures de soutien du gouvernement. J’ai pu étaler trois prêts professionnels auprès des banques avec une facilité déconcertante, ai contracté un prêt garanti par l’État (PGE) par mesure de précaution, mis une ASV en activité partielle à quart de temps… Ces mesures ont eu peu d’intérêt en fin de compte mais le fait de les solliciter m’a permis de me sentir en sécurité. Je n’ai pas sollicité le report d’échéances de cotisations
Urssaf par solidarité et par respect vis-à-vis des entreprises qui connaissent de réelles difficultés avec la crise sanitaire. Le report de six mois des remboursements d’emprunt m’a coûté un peu d’intérêts et j’envisage maintenant de rembourser mon PGE le plus vite possible, avant la fin de l’année 2020, car je ne l’utiliserai pas.
MATTHIEU TANGUY (N 03)
Praticien en canine à Méry-sur-Oise (Val-d’Oise)
Les entreprises en France ont beaucoup de chance. Le soutien de l’État a été rapide et à la hauteur pour maintenir à flot l’économie. En tant que chef d’entreprise, je n’en espérais pas tant, il y a eu plus d’aides que ce dont j’avais réellement besoin. Pendant le premier confinement, nous avons pris la décision avec mes associés de fermer un de nos deux sites. Face à une fermeture volontaire et non imposée, je craignais que la demande de chômage partiel de 6 ASV et de 3 vétérinaires salariés ALD soit refusée par la Direccte mais elle a considéré que l’entreprise y était éligible. La mise en chômage partiel a été la seule mesure de soutien utilisée, car l’entreprise disposait d’une trésorerie solide avant le début de la crise. De plus, la perte d’activité, de 40 %, a été ponctuelle sur deux mois avec un rattrapage dès la fin du confinement. Par ailleurs, La Médicale de France, mon assurance, nous a versé une aide financière de 3 000 euros par site.
VÉRONIQUE LUDDENI (T 92)
Praticienne en canine à Saint-Martin-Vésubie (Alpes-Maritimes)
Le choc émotionnel et financier de la crise du coronavirus n’est rien en comparaison de la catastrophe naturelle qui a frappé Saint-Martin-Vésubie. Certes, le premier confinement a entraîné une baisse d’activité de 30 % à 35 % sur deux mois, justifiant la mise en chômage partiel, le report de paiement de charges. Mais le confinement a renforcé les liens affectifs des gens à l’égard de leurs animaux de compagnie. L’impact de la crise s’est traduit tout au plus par une baisse d’activité de 5 % et j’ai donc cessé les aides de l’État. En revanche, la déclaration d’état de catastrophe naturelle ne s’est traduite jusqu’ici que par une aide de la région de 1 500 euros pour une cessation d’activité de 35 jours et pour faire face à 20 000 euros de charges. Après plus d’un mois d’arrêt, je n’ai toujours pas de nouvelles de mon assurance pour déclencher la garantie perte d’exploitation. Les seules aides financières sur lesquelles j’ai pu compter sont celles de l’Ordre, du SNVEL et de ma caisse de retraite.