RENCONTRE ANSES
ANALYSE
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
Le niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques est le plus bas depuis le début du suivi des ventes en 1999. L’objectif du premier plan Écoantibio de réduction de l’usage des antibiotiques de 25 % en 5 ans est atteint pour la plupart des espèces.
Les résultats sont bons, voire très bons. L’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) a présenté le 16 novembre les données de son dernier rapport1 sur le suivi des ventes de médicaments vétérinaires contenant des antibiotiques en France en 2019. Le volume total des ventes baisse de 10,5 % en 2019 (422 tonnes) par rapport à 2018 (472 tonnes). « Il s’agit du tonnage le plus faible enregistré depuis le début du suivi en 1999 (1 311 tonnes). Une diminution de 53,3 % est observée par rapport à 2011, année de référence pour le premier plan Écoantibio. » L’indice d’exposition (animal level of exposure to antimicrobials, ALEA) a lui aussi diminué de 10,9 % entre 2018 et 2019. Par rapport à 2011, année de lancement du premier plan Écoantibio, qui visait une réduction de l’usage des antibiotiques de 25 % en 5 ans, l’exposition aux antibiotiques toutes espèces animales confondues a diminué de 45,3 %, soit le niveau d’exposition le plus bas depuis le début du suivi en 1999. Pour Jean-Pierre Orand, directeur de l’ANMV, l’objectif définit par la réglementation est largement atteint.
Concrètement, entre 2018 et 2019, l’exposition a diminué de 16,7 % pour les poudres et solutions orales, de 6,6 % pour les prémélanges médicamenteux et de 6 % pour les injectables. Le niveau d’exposition aux antibiotiques varie selon les espèces : -9,9 % pour les bovins, -16,4 % pour les porcs, -12,8 % pour les volailles. Mais d’autres espèces connaissent une légère augmentation de leur exposition, tels les carnivores domestiques (+2,1 %) et les lapins (+1,5 %). Pour les carnivores domestiques, entre 2011 et 2019, leur exposition aux antibiotiques a diminué de 13,9 %. Cette baisse reste encore loin de l’objectif de -25 % fixé par le premier plan Écoantibio. Pour Jean-Pierre Orand, cette tendance n’est pour l’instant pas significative. « Mais cela mérite une surveillance plus attentive, pour voir si dans le temps on est sur une phase de plateau ou si au contraire on revient vers une phase de croissance. »
Concernant toujours les carnivores domestiques, « cette évolution est en grande partie imputable à une diminution de l’exposition aux aminoglycosides (-32,2 %), fluoroquinolones (-69 %), céphalosporines de dernières générations (-71,7 %) et pénicillines (- 7,3 %) », note l’agence. Pourtant entre 2018 et 2019, l’ANMV observe une augmentation de leur exposition pour les aminoglycosides (+17,6 %) et les pénicillines (+2,7 %), et pour certains antibiotiques critiques comme les fluoroquinolones (+2,3%) et la céfovécine (+1,5%). Néanmoins, toutes espèces confondues, le recours aux antibiotiques critiques poursuit sa chute. « Depuis 2013, l’exposition des animaux aux antibiotiques d’importance critique a diminué fortement et s’est stabilisée ces trois dernières années : entre 2013 et 2019, elle a diminué de 86 % pour les fluoroquinolones et de 94,1 % pour les céphalosporines de dernières générations. » Le recours à la colistine est lui aussi en baisse avec un taux d’exposition qui a diminué de 64,2 % par rapport au niveau moyen de référence entre 2014 et 2015.
Ces résultats n’auraient pas été atteints sans l’implication des vétérinaires comme le souligne Jean-Pierre Orand, directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) : « La profession vétérinaire a changé sa pratique vis-à-vis des antibiotiques. On constate que la politique générale de l’usage des antibiotiques est appliquée sur le long terme. Mais il ne faut pas espérer avoir des baisses importantes dans les années à venir. il y a aura toujours des maladies infectieuses pour lesquelles il n’y a pas toujours de vaccins. On ne pourra pas aller sur le zéro antibiotique. »