ÉPIDÉMIOSURVEILLANCE
ANALYSE
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
Pour l’année 2019, le Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) observe que la baisse des résistances bactériennes aux antibiotiques est avérée. C’est le cas notamment chez Escherichia coli pour les antibiotiques critiques.
Comme chaque année, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a présenté le 18 novembre lors d’une conférence en ligne le rapport1 sur le suivi mené par le Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath). En 2019, ce réseau a collecté 53 469 antibiogrammes de 71 laboratoires d’analyses vétérinaires : 28,1 % proviennent d’échantillons prélevés chez des chiens, 20,2 % chez des bovins, 19,9 % chez des volailles, 9,9 % chez des chats, 7,4 % chez des chevaux ou encore 6,5 % chez des porcs. L’agence observe une baisse du nombre d’antibiogrammes réalisés pour des bovins et des volailles. Une décroissance ou une stabilisation du taux de bactéries résistantes est globalement observée.
Jean-Yves Madec, directeur scientifi que Antibiorésistance (laboratoire de Lyon, Anses) note un « resserrement des proportions de résistances » d’Escherichia coli, qui est la principale bactérie isolée par le Résapath. Cette espèce bactérienne constitue l’indicateur principal pour le suivi des tendances de l’antibiorésistance. Comme les années précédentes, l’agence observe une baisse de la proportion de bactéries résistances aux céphalosporines de 3e et 4e générations et aux fluoroquinolones. « S’agissant de la résistance aux céphalosporines de 3e et 4e générations (C3G/C4G), la proportion la plus élevée est de 4 %, chez les chats, et entre 3 et 4 % chez les chiens et équidés. Elle est inférieure à 2 % chez les bovins, et inférieure à 1 % chez les porcs, poules/poulets et dindes. Les proportions de résistances aux fluoroquinolones sont également très resserrées entre toutes les espèces animales et comprises entre 3 et 8 % », indique le rapport. Concernant par exemple, les fluoroquinolones, les niveaux de résistance constatés en 2019 sont les plus faibles relevés depuis dix ans, que ce soit pour l’enrofloxacine ou pour la marbofloxacine.
Même observation pour la colistine. La résistance à cet antibiotique est suivie depuis plusieurs années par le Résapath. « La proportion des souches sensibles à la colistine ne cesse d’augmenter », constate Jean-Yves Madec. Cette tendance se retrouve quel que soit le type de production animale. « Les tendances d’évolution des diamètres obtenus pour la colistine montrent donc une situation maîtrisée concernant la diffusion de E. coli pathogènes résistants à cet antibiotique, ce qui est un résultat majeur au plan épidémiologique », explique l’agence. En ce qui concerne les autres antibiotiques, la tendance générale est une légère baisse ou une stabilisation de la résistance. Chez les volailles par exemple, le taux de bactéries résistantes aux antibiotiques est le plus faible, quand chez les poules et les poulets, il est au maximum de 30 % pour les antibiotiques responsables du plus de résistance. À noter aussi que la résistance à la méticilline, qui concerne principalement la bactérie Staphylococcus pseudintermedius, une espèce de staphylocoque à l’origine de maladies chez les carnivores domestiques, est présente chez 15 à 20 % des souches testées. Enfi n, l’agence observe chez toutes les espèces animales une tendance à la baisse de la multirésistance de la bactérie E. coli (résistance à au moins trois antibiotiques) entre 2011 et 2019.