EXPRESSION
LA QUESTION EN DÉBAT
Auteur(s) : ALEXIA RICHARD
La fin du reconfinement allégé approche. Si celui-ci n’a pas été synonyme de nouvelles obligations pour les praticiens, il a été question de prolonger l’application du protocole sanitaire au sein des établissements de soins vétérinaires. Un protocole déjà bien ancré dans les habitudes des praticiens. Pourtant l’incertitude persiste quant à l’évolution de l’épidémie et l’avenir économique de l’Hexagone.
GUILLAUME LAMAIN (N 06)
Praticien mixte à Saint-Cosme-en-Vairais (Sarthe)
En termes d’activité, les répercussions de ce reconfinement sont moindres. L’impact psychologique semble lui aussi moins important : le personnel et la clientèle se retrouvent dans une situation qu’ils ont déjà vécue et ont probablement moins l’impression de plonger dans l’inconnu. Le confinement du personnel, très strict de mars à mai, est cette fois moins généralisé. Les précautions d’hygiène à présent bien intégrées et la régulation des flux de personnes au sein de la clinique semblent pour le moment suffisantes. Le seul cas de Covid identifié au sein du personnel a été contracté hors du cadre professionnel et l’isolement des cas contacts a permis d’éviter
une propagation au reste de l’équipe. La clientèle est à présent bien sensibilisée aux contraintes imposées par les gestes barrières et les réactions d’incompréhension se font rares. Ne restent que l’incertitude générale quant à l’évolution de l’épidémie et les inconnues en suspens, comme l’avenir de l’économie et le retour à la normale, qui instaurent un climat de morosité avec lequel il faut en permanence composer.
ANTOINE DUNIÉ-MÉRIGOT (T 03)
Praticien canin à Montpellier (Hérault)
Le second confinement est moins angoissant, car nous avons déjà l’expérience des procédures et du protocole sanitaires, qu’il suffit de remettre en place pour limiter les contacts. Il est toutefois compliqué de rassurer les clients, qui sont anxieux depuis le reconfinement, et parfois très exigeants et mal renseignés. Certains préfèrent même attendre dehors ou dans leur voiture par crainte du virus. De plus, ils sont en capacité de payer pour l’instant, mais avec la montée de la pauvreté, ils peuvent devenir réticents à faire des examens complémentaires.
La principale crainte est d’avoir des cas positifs et des cas contacts au sein de l’équipe. Par rapport au premier confinement, ceux-ci sont beaucoup plus fréquents, ce qui crée une carence dans le personnel malgré une activité qui ne faiblit pas. Globalement, excepté pour les étudiants dont les stages sont annulés, la profession n’est pas la plus inquiétée par rapport à d’autres secteurs, pour lesquels les impacts du reconfinement sont catastrophiques.
MICHAËL LALLEMAND (N 02)
Praticien canin à Saint-Philbertde-Grand-Lieu (Loire-Atlantique)
Ma principale crainte à l’annonce de ce reconfinement - une nouvelle mise à l’arrêt des actes non essentiels - a été rapidement levée. En comparaison du confinement d’avril, celui-ci n’est qu’une parodie et l’ambiance à la clinique est plus sereine. À 43 ans, je suis le « doyen », alors notre risque sanitaire me semble limité. Je ne m’inquiète pas à court terme pour notre activité qui fait mieux que se maintenir. En passant devant les devantures des commerces fermés, j’imagine mal l’angoisse que cette situation provoque chez ceux qui la subissent. Mes craintes sont tournées vers le long terme. Je constate au quotidien que l’application des gestes barrières, port du masque en tête, est grand-guignolesque. Je ne crois pas que notre société, où l’ego a depuis longtemps pris le pas sur l’effort collectif, soit en mesure de contrôler efficacement une épidémie comme ont pu le faire certains pays asiatiques. La facture économique sera comme toujours très inégalement partagée, alors je maintiens mes mots d’avril : je suis content que les vétérinaires soient largement perçus comme indispensables.