Pathogénie de l’agro-industrie - La Semaine Vétérinaire n° 1878 du 04/12/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1878 du 04/12/2020

LIVRE

COMMUNAUTÉ VÉTÉRINAIRE

Auteur(s) : M. M.

Influenza aviaire, peste porcine africaine, Covid- 19 - dernièrement chez les visons, dont le rôle de vecteur fait débat -, les épidémies se succèdent chez les animaux de rente. Dans les quinze dernières années, leur nombre a triplé. Alors que les contacts avec la faune sauvage, dans le contexte de la dégradation des habitats naturels, sont la première cause invoquée, ce livre invite à une réflexion légitime sur la responsabilité de l’élevage intensif. Évoquant son essor spectaculaire au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et sa globalisation, l’enquête montre, études à l’appui, qu’avec la concentration des animaux, le stress, la faible diversité génétique, les aliments médicamenteux et l’intensité des flux (eau, air, nourriture, animaux), ces élevages, érigés en modèles sanitaires, sont paradoxalement des caisses de résonance des épidémies. Et la critique se prolonge : le concept de biosécurité impose en réalité les normes de l’agro-industrie et pénalise les petits producteurs, en circuit court ou en plein air, et parellèlement la « compartimentation » - création de bulles sanitaires prétendument étanches - permet aux multinationales de poursuivre leurs exportations durant les crises et d’en tirer parti. D’autant mieux que les conséquences sanitaires sont prises en charge par la collectivité. La question serait donc plus politique que technique. Dans le dernier chapitre, la journaliste oppose des approches alternatives viables, assimilant mieux les équilibres subtils du vivant. Un véritable choix de société. Pandémies, une production industrielle de Lucile Leclair, éditions du Seuil, coll. Reporterre, 2020, 12 X 20,5 cm, 144 pages, 12 €.