CHIRURGIE
PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC
FORMATION
Auteur(s) : MYLÈNE PANIZO
CONFÉRENCIER
PHILIPPE HENNET, diplômé EVDC et AVDC, spécialiste en stomatologie et dentisterie vétérinaire au CHV Advetia, à Vélizy-Villacoublay (Yvelines).
Article rédigé d’après une présentation faite à France Vet à Paris en juin 2019, réactualisé.
Les maladies dentaires affectent fréquemment les chats. Certaines se traitent en pratiquant des extractions dentaires multiples, voire une édentation totale. Le chat a 30 dents. Les extractions constituent un acte chirurgical long et délicat qui nécessite un matériel adapté et une bonne maîtrise des gestes techniques.
Les principales indications pour réaliser des extractions multiples sont la présence d’une parodontite généralisée, de résorptions dentaires ou l’existence d’une stomatite ulcéreuse chronique. Ces entités pathologiques peuvent coexister sur un même animal.
Lors de parodontite, l’extraction dentaire est le traitement de choix lorsque la poche parodontale est profonde (destruction des tissus supports de la dent). La profondeur de la poche s’évalue avec une sonde parodontale graduée. Si la sonde pénètre sous la gencive, le long de la racine en profondeur, à plus de 1,5 à 2 mm, sur les incisives, prémolaires ou molaires, la dent déchaussée doit être extraite. La mobilité dentaire et l’exposition de la furcation (espace entre deux racines) correspondent à une perte osseuse importante, qui nécessitent une extraction dentaire.
La résorption dentaire est une lésion fréquemment constatée chez les chats. Elle peut se traduire cliniquement par la présence d’une excroissance de tissu de granulation d’origine gingivale qui recouvre partiellement la dent. Lorsqu’une légère pression est appliquée à cet endroit, à l’aide d’un coton-tige par exemple, l’animal présente un réflexe de tremblement des mâchoires, révélant une douleur dentaire. La radiographie dentaire est indispensable afin d’évaluer l’importance des lésions radiculaires et osseuses. Elle permet le plus souvent de révéler des lésions en profondeur bien plus sévères que ce que la clinique est en mesure de constater.
Lors de stomatite ulcéreuse chronique, les extractions multiples permettront d’éliminer toutes les causes de stimulations antigéniques d’origine dentaire liées à la parodontite, à la résorption dentaire et à la nécrose pulpaire. Toutes les dents entourées de lésions ulcéreuses ou ulcéro-prolifératives des muqueuses seront à enlever : a minima les prémolaires et les molaires et, selon les cas, les canines et les incisives.
Les extractions dentaires constituent un processus chirurgical de longue durée. L’animal doit être intubé, monitoré et placé sur un matelas chauffant. L’anesthésie volatile est obligatoire. Une sonde d’aspiration permet d’éviter les fausses déglutitions. Il est primordial d’effectuer une bonne analgésie systémique mais aussi loco-régionale. Cette dernière consiste à insensibiliser les principaux rameaux nerveux maxillaires et mandibulaires. L’injection s’effectue dans le foramen infra-orbitaire et au pôle caudal au foramen mandibulaire. Elle permet de diminuer le risque anesthésique en limitant la dose des agents anesthésiants. L’opérateur doit être bien protégé (charlotte, gants, masques, lunettes), posséder du matériel adapté (instrumentation manuelle et rotative) et maîtriser les techniques chirurgicales.
La désinfection buccale est réalisée en appliquant une solution aqueuse de chlorhexidine. Une antibioprophylaxie est justifiée uniquement si le patient est immunodéprimé. Un chat séropositif au FIV peut bénéficier d’une extraction multiple si son état général n’est pas dégradé.
- Incision de l’attache gingivale : après avoir incisé les espaces interdentaires avec une lame de 11, l’attache de la gencive est séparée de la dent en face vestibulaire (« extérieur ») et linguale (« intérieur ») à l’aide d’un syndesmotome.
- Décollement d’un lambeau mucogingival avec un décolleur à périoste de petite taille (décolleur de Molt par exemple). Le but de cette étape est d’exposer l’os alvéolaire sans abîmer les tissus environnants.
- Ostectomie alvéolaire externe : il s’agit de déchausser les racines dentaires sur environ un tiers de leur hauteur et d’exposer les furcations et les racines. L’os est retiré uniquement en face vestibulaire avec une fraise diamantée boule ou une fraise boule au carbure, sous irrigation continue.
- La dent est coupée en plusieurs parties (un morceau par racine). La séparation radiculaire est effectuée avec une fraise fissure, sous irrigation continue.
- Pour extraire les racines, il faut les luxer car elles sont attachées à l’os par le ligament parodontal. On utilise pour cela un élévateur-luxateur, en effectuant un mouvement circonférentiel autour de la racine permettant de rompre le ligament et de créer son chemin entre l’os et la racine (l’os étant compacté par le mouvement de progression apicale de l’instrument), puis à l’aide d’un davier fin, on exerce de légers mouvements de rotation droite et gauche alternés tout en maintenant une poussée apicale. Ceci a pour but de minimiser le risque de fracture radiculaire. Il faut veiller à ce que chaque racine extraite soit intacte.
- Ostéoplastie alvéolaire : il s’agit d’aplanir la crête alvéolaire à l’aide d’une fraise boule diamantée, sous irrigation continue.
- Préparation du lambeau pour déplacement en translation : il faut inciser le périoste sur la face interne du lambeau afin de pouvoir le disséquer dans l’épaisseur conjonctive et le déplacer en translation pour le suturer au bord opposé, sans tension.
- Fermeture chirurgicale du lambeau à l’aide d’un fil résorbable de type Vicryl rapide 4/0 ou Monocryl 5/0.