Faire mouche

Film après film, le ton décalé de Quentin Dupieux a fini par se faire une place dans le cinéma français et par son écriture inédite, résolument personnelle, participe à le régénérer. Marqué par le cinéma populaire américain, notamment ses comédies, le cinéaste joue avec les codes pour distiller un comique noir et absurde qui lui est propre et repose autant sur la cocasserie des situations que sur l’imprévisibilité des réactions des personnages. Ce dernier opus est sans doute le plus drôle et le plus accessible du réalisateur. Comme Rubber en 2010 (l’histoire d’un pneu serial-killer) ou Le Daim en 2019 (Jean Dujardin y est amoureux d’une veste en daim), le film se développe sur une idée extrêmement simple et… improbable. Découvrant dans le coffre d’une voiture volée une mouche géante, deux losers, particulièrement crétins, décident de la dresser pour se faire de l’argent. Entre le film de monstre - le gros insecte tient davantage de l’animal de compagnie et mange de la pâtée pour chats - et le buddy movie (« film de potes »), nous suivons les deux pieds nickelés et leur protégée dans des tribulations aléatoires - le film se souciant peu d’une trajectoire dramatique - et désopilantes. Très bien dirigés, l’excellent duo principal et les rôles secondaires - notamment Adèle Exarchopoulos à contre-emploi - nous font rire tout en déroutant. Conjuguer comédie stupide et vrai film n’avait rien d’évident, parvenir à rendre attachants des personnages aussi idiots non plus. Défis relevés avec une belle désinvolture.

Mandibules de Quentin Dupieux avec David Marsais, Grégoire Ludig, Adèle Exarchopoulos, India Hair, Roméo Elvis, Coralie Russier, 1 h 17, sortie le 16 décembre.