ANALYSE
Auteur(s) : J.-P. D.
L’Académicien, romancier, Erik Orsenna a abordé l’unité du vivant à travers son dernier ouvrage Cochons, Voyage aux pays du Vivant.
Erik Orsenna a débuté avec Descartes dont la méthode arrive à la vérité en morcelant les raisonnements. Petit à petit sa pensée s’est orientée, à l’inverse, sur les interdépendances avec ses Petits précis de mondialisation que sont ses travaux sur le végétal (Voyage aux pays du coton), puis sur l’eau (L’Avenir de l’eau) et le papier (Sur la route du papier). Des rencontres (Claude Lévi-Strauss, François Jacob) ont appuyé cette démarche. « En écrivant une biographie de Pasteur je me suis rendu compte de la notion d’interdépendance absolue de tous les échelons du vivant. » « Nous en avons la plus formidable des illustrations aujourd’hui dans la crise que nous vivons où l’on voit la plus infime part du vivant face aux êtres qui se sentent les plus sophistiqués. »
Romancier, il lui fallait un personnage pour exposer les problèmes d’interdépendance. Habitant en Bretagne, très vite, l’idée de faire référence aux cochons s’est imposée. Le cochon est lié à nous à la fois par l’histoire, la géographie, mais aussi la génétique. L’épidémie de peste porcine africaine comme la dissémination des moustiques du genre Aedes nous laissaient entrevoir la survenue de pandémies. Son histoire nous fait voyager dans le temps du croissant fertile à l’occident. Sa proximité avec notre espèce a permis les greff es ou l’étude de l’apparition des cancers de la peau.
La volonté des consommateurs de payer toujours moins cher leur nourriture et l’importation du soja utilisé dans l’alimentation des cochons est bien au cœur des questions d’interdépendance. La culture du soja favorise la déforestation. Le cours du porc s’eff ondre, la flambée de celui du soja rend le modèle économique de son élevage non rentable. De plus, considérant le problème des algues vertes, les chambres d’agriculture estiment que l’on a atteint le maximum supportable pour la Bretagne. On va aboutir à une sorte de moratoire pour l’élevage des vaches, des volailles et des porcs.
Dans ce livre, Erik Orsenna aborde la question du bien-être animal. Pour lui, les agressions dénoncées par L214 ont probablement fait avancer le sujet. L’auteur met en évidence l’unité du vivant en partant du cochon, en insistant sur le rôle du vétérinaire pour sa préservation.