ÉDITO
Auteur(s) : MARINE NEVEUX
Fonctions : Rédactrice en chef
« Moi qui suis si peu médecin, si peu vétérinaire (…) Mais la science est une, c’est l’homme seulement qui en raison de la faiblesse de son intelligence y établit des catégories. » Ces mots de Louis Pasteur, repris par Jean-Luc Angot, président de l’Académie vétérinaire de France, concluent avec pertinence le colloque biacadémique du 3 décembre dernier1.
Cette séance a réuni médecins, biologistes et vétérinaires autour du Covid-19 dans un contexte « une seule santé ». Elle a montré l’implication des secteurs des santés animale, humaine et environnementale. Les cloisons ne se situent pas au niveau des académies. D’ailleurs un travail interacadémique - sciences, chirurgie, pharmacie, technologies et vétérinaire - a été réalisé dès la mi-mars. « Le 30 mars, nous avons recommandé l’utilisation des laboratoires vétérinaires pour l’établissement de diagnostics et travaillé sur les risques de santé publique liés au contact avec les animaux domestiques et au franchissement de la barrière d’espèces », témoigne Yves Buisson, membre de l’Académie de médecine et président du groupe sur le Covid-19. Pourquoi un tel délai avant d’avoir eu recours aux laboratoires vétérinaires ? « C’est un blocage administratif qui n’avait pas lieu d’être compte tenu de la qualité des laboratoires vétérinaires et de leur compétence sur les coronavirus. Ce n’est pas défendable », estime Yves Buisson.
Malheureusement, l’exclusion de la compétence vétérinaire des laboratoires de biologie ne date pas d’hier, comme le rappelle notre consœur Jeanne Brugère-Picoux, mais du temps de Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé. On se souvient de ses propos en juin 2009 lors des discussions au Sénat : « Le vétérinaire ne connaît pas la médecine humaine, le médecin ne soigne pas les animaux : chacun son métier, les vaches seront bien gardées. » Les vaches bien gardées, certes, mais la santé humaine ? N’était-il pas dommageable de prôner une telle étanchéité entre les santés ? La première description d’un coronavirus date de 1931, aux États-Unis, chez la volaille, puis trente ans plus tard chez l’homme. La médecine vétérinaire est en avance sur la connaissance de ces virus. Malgré l’origine animale connue de la pandémie, la profession vétérinaire a tardé à être sollicitée. Il convient pourtant d’apprendre du présent pour anticiper et pallier d’autres émergences d’agents pathogènes à venir. Il aura fallu une pandémie comme le Covid-19 pour rappeler que le vivant ne fait qu’un.
Lire en pages 14 et 15 de ce numéro.
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