LUTTE CONTRE LA MALTRAITANCE
ANALYSE
Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD
La cellule « maltraitance des animaux de compagnie » est une initiative locale impulsée par la direction départementale de la protection des populations des Bouches-du-Rhône. Exemple d’un travail en réseau réussi avec les vétérinaires et les associations de protection animale.
Les services de l’État s’appuient de plus en plus sur les associations de protection animale (APA), comme c’est le cas à la direction départementale de la protection des populations (DDPP) des Bouches-du-Rhône. Anne-Claire Lomellini- Dereclenne (L 03), cheffe du service Santé et protection animales/Environnement, en présente le fonctionnement.
J’ai ressenti le besoin d’y réunir régulièrement tous les intervenants de la protection animale du département. En 2018, il a donc été créé une cellule de vigilance concernant la prévention des mauvais traitements, où interviennent les forces de l’ordre, les procureurs, mais également une vingtaine d’associations de protection animale.
Parce que les APA sont un vrai relais pour la DDPP sur le terrain ! En effet, nous demandons parfois à certains de leurs enquêteurs bénévoles que nous connaissons bien de se déplacer sur place quand nous avons des plaintes que nous ne pouvons pas gérer rapidement en raison de notre manque d’effectif. Les APA reviennent nous consulter ensuite si elles pensent que les animaux sont effectivement maltraités et que notre intervention est indispensable.
Oui, car le représentant de l’Ordre vétérinaire qui participe régulièrement à nos réunions forme des bénévoles de ces APA à reconnaître les « vrais » signes de maltraitance animale, sans tomber dans l’anthropomorphisme ou les erreurs de jugement. Par exemple, une jument peut être maigre parce qu’elle vient de pouliner, qu’elle est malade ou qu’elle est vieille… En donnant ainsi aux APA des exemples concrets, cela leur évite de se tromper, en retirant des animaux à leurs propriétaires de façon un peu trop « à la cow-boy » ! D’ailleurs, si les APA interviennent sans respecter les bases réglementaires, les propriétaires lésés peuvent, par ce biais, attaquer des APA en justice, ce qui leur permet parfois ensuite de pouvoir récupérer leurs animaux. Nous avons donc tous intérêt à partager le savoir et le savoir-faire pour une action coordonnée et efficace.
La DDPP s’occupe des mises en demeure avec un planning et des dates validés par l’ensemble des parties. Bien souvent, j’ai eu aussi le procureur au bout du fil avant d’intervenir. Du coup, quand la DDPP part sur place, on y va directement avec des camions pour retirer d’emblée les animaux, en réglant le problème en une seule fois… et non en de multiples interventions.
Dans une autre cellule, consacrée aux animaux de rente, sont représentées moins d’associations, mais davantage de vétérinaires, de représentants des éleveurs et de groupements de défense sanitaire. Nous intervenons sur place tous ensemble. En ces temps de confinement, certains éleveurs ou centres équestres rencontrent des difficultés économiques : il nous faut donc essayer d’aider à la fois les propriétaires et leurs animaux. C’est pourquoi on est parfois temporairement un peu plus indulgent - surtout quand il s’agit de la régularisation de procédures administratives -, mais sans jamais fermer les yeux sur les cas intolérables. Les situations où les animaux sont en état de souffrance restent une priorité, quoi qu’il arrive.