Une belle fable écologique - La Semaine Vétérinaire n° 1879 du 11/12/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1879 du 11/12/2020

FILM

COMMUNAUTÉ VÉTÉRINAIRE

Auteur(s) : MICHEL BERTROU

La réouverture des salles de cinéma ne va heureusement pas nous priver de cette animation, la plus éblouissante de l’année. Produit par le studio Cartoon Saloon, le Peuple Loup clôt après Brendan et le Secret de Kells (2009) et le Chant de la mer (2014), la trilogie sur les mythes irlandais du réalisateur Tomm Moore.

En 1650, la ville de Kilkenny est soumise à l’autorité de l’armée anglaise et de son « Lord Protector ». Ce dernier impose le défrichement de la forêt et, pour éradiquer les loups, emploie un louvetier venu d’Angleterre. La fille de ce chasseur, Robyn, fait la rencontre dans la forêt de Mebh, une jeune « wolfwalker », être humain surnaturel dont l’esprit peut la nuit se joindre à la meute des loups en endossant leur apparence physique. Prise entre deux mondes, Robyn va vite découvrir que les hommes sont plus à craindre que les loups. Le film, à cheval entre le conte folklorique, le récit d’émancipation et la critique d’un colonialisme autoritaire opprimant la nature et les traditions, s’articule sur les oppositions : l’Angleterre et l’Irlande, la ville et la forêt, les humains et les loups, le sauvage et le soumis, les traditions et la modernité. Un contraste magnifiquement traduit en images : autant la ville est austère et anguleuse, autant la forêt est colorée, lumineuse, toute en courbes. L’attention minutieuse portée aux décors, la maîtrise de l’animation, les inventions formelles, la dynamique des cadres et la somptuosité onirique de certaines séquences sont stupéfiantes.

Le Peuple Loup (titre original : WolfWalkers) de Tomm Moore et Ross Stewart, Irlande, Luxembourg, France, 1 h 43, sortie le 16 décembre.