CANCÉROLOGIE
PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC
FORMATION
Auteur(s) : TAREK BOUZOURAA
Contrairement au chien, les carcinomes des cellules transitionnelles vésicales sont rares chez le chat. Le faible nombre de cas rapportés dans la littérature justifie donc des niveaux de preuve et de connaissance limités, ce qui nuit à leur prise en charge. Une large étude multicentrique1 présente des données robustes issues d’un effectif de 118 chats.
L’âge médian des chats inclus est de 15 ans. La majorité des cas (78 %) ont déjà été présentés à un confrère pour la présence de signes cliniques du bas appareil urinaire. Ainsi, 94 % des chats ont au moins l’un des signes cliniques suivants signalé dans leur historique médical ou lors de leur admission : hématurie (63 % des cas), pollakiurie (50 %), strangurie (48 %). Pour les 6 % de chats restants, le carcinome urothélial est découvert fortuitement durant l’évaluation pour une autre cause.
La palpation abdominale est peu informative, probablement en lien avec l’état d’embonpoint des chats atteints. En effet, le score corporel moyen des chats atteints est de 5/9, ce qui ne suggère donc pas d’impact général de l’affection. Par ailleurs, seulement 25/118 chats inclus (21 %) sou rent d’un inconfort abdominal et seulement 22/118 (18,6 %) présentent une masse ou une induration palpable lors de l’examen clinique. Seulement 15 % des chats présentent une culture bactériologique urinaire positive – contre 57 % dans une étude similaire chez le chien.
La localisation de la tumeur sur la vessie est bien plus variable que chez le chien – principalement en regard du trigone et sur la paroi vésicale ventrale, et plus rarement à l’apex, sur les parois dorsale et latérale et multifocalement. Une infiltration urétrale est observée dans 12 % des cas environ.
Le diagnostic est établi suite à une analyse cytologique des lésions (échantillons prélevés sous contrôle échographique ou suite à un sondage urinaire) ou à une analyse histologique des biopsies per-endoscopiques ou sur pièce d’exérèse chirurgicale : 3 % ont des métastases, majoritairement aux nœuds lymphatiques régionaux.
La cystectomie partielle autorise une survie significativement augmentée, avec une résolution des signes cliniques dans 75 % des cas. L’adjonction d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS, inhibiteurs sélectifs de Cox-2) montre également un effet bénéfique. L’impact de la chimiothérapie reste difficile à évaluer à l’aide des données de cette étude et semble demeurer actuellement limité.
L’analyse multivariée révèle qu’une infiltration du trigone vésical et la présence d’un abattement augmentent le risque qu’un propriétaire décline la prise en charge, ce qui assombrit le pronostic global. À l’inverse, les principaux paramètres épidémiologiques et cliniques, parmi lesquels l’âge, les signes cliniques et les valeurs biologiques, ne conditionnent pas l’issue de la prise en charge. La médiane de survie globale est de 155 jours. Ainsi, les chats non traités présentent une survie plus courte de 46 jours, tandis que les chats traités sans cystectomie partielle (avec ou sans AINS) survivent 176 jours contre 294 jours pour ceux subissant cette prise en charge avec ou sans traitement adjuvant (AINS ou chimiothérapie, notamment mitoxantrone).
1. Griffin M.A., Culp W.T.N., Giuffrida M.A. et coll., Lower urinary tract transitional cell carcinoma in cats : clinical findings, treatments, and outcomes in 118 cases, J Vet Intern Med., 2020 ; 34 (1):274-282.