LES HUILES ESSENTIELLES DANS LE TRAITEMENT DES MAMMITES CLINIQUES CHEZ LA VACHE LAITIÈRE - La Semaine Vétérinaire n° 1880 du 18/12/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1880 du 18/12/2020

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

FORMATION

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

CONFÉRENCIÈRE

MARLÈNE GUIADEUR, ingénieure agronome ingénierie zootechnique à l’Institut de l’élevage (Idele).

Article rédigé d’après la conférence faite lors des Rencontres recherches ruminants, 3R 2020, le 2 décembre, à Paris.

Dans un contexte mondial de recherche d’alternatives aux antibiotiques, les médecines complémentaires (aromathérapie, phytothérapie, etc.) peuvent être envisagées. Or, comme peu de données scientifiques sont disponibles à ce jour sur le sujet, les interrogations sur leur efficacité, notamment sur celle des huiles essentielles (HE), pour le traitement des mammites cliniques des bovins persistent.

Une meilleure connaissance des HE

C’est pourquoi, un essai terrain zootechnique, Aromam1, a été mis en place en 2016. Ce dernier portait sur 41 élevages dans deux zones – Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) et Ouest – et avait pour objectif de comparer l’efficacité d’un traitement aux HE et celle d’un traitement antibiotique de juin 2018 à avril 2020. Pour cela, les vaches du lot Aromam ont reçu un mélange de manuka, de litsée citronnée, de palmarosa, d’origan d’Espagne et d’huiles végétales en massage sur la mamelle 2 fois par jour pendant une semaine et l’autre lot a reçu une injection intramusculaire (IM) d’antibiotique suivant le protocole de l’AMM. L’évolution des signes cliniques a été observée par les éleveurs avec possibilité d’utiliser un antibiotique à J2 et J5 en cas d’aggravation de l’état clinique de l’animal. Des prélèvements de lait ont été effectués pour procéder à une analyse bactériologique et des comptages cellulaires ont été réalisés deux mois avant et trois mois après le traitement.

Des résultats divergents

Les résultats ont montré une plus forte proportion d’aggravation et de rechute dans le lot Aromam par rapport au lot antibiotiques (25 % lot Aromam vs 10 % antibiotiques) et un taux de guérison clinique statistiquement supérieur dans le lot antibiotiques. Au niveau de la bactériologie, aucune différence significative n’a été observée dans la population d’agents pathogènes identifiés dans le lait à J0 et celle à J28 entre les deux lots de la zone Ouest. À l’inverse, en zone Aura, les antibiotiques ont montré une efficacité supérieure que les HE entre J0 et J28. Ces résultats peuvent s’expliquer par la présence de pathogènes différents selon les zones – plus de staphylococcus aureus et de streptocoque en zone Aura.

Un protocole en deux étapes

Face à ces premières données, étant donné la forte proportion d’aggravation ou de rechutes dans le lot des HE, on pourrait conclure rapidement à une inefficacité de ce protocole. Toutefois les chercheurs ont montré que si l’éleveur utilise des HE et qu’il se garde la possibilité d’utiliser un antibiotique en cas d’aggravation, dans 14 cas sur 18 on a eu une guérison cellulaire et dans 7 cas sur 8 une guérison bactériologique à J28. Par conséquent, un tel protocole de traitement (HE et antibiotique si nécessaire) pourrait permettre d’obtenir des taux de guérison satisfaisants. Néanmoins, des résultats complémentaires sont encore attendus. Les prochaines étapes de l’étude devraient permettre d’analyser l’impact des HE appliquées en topique sur la qualité du lait produit (goût, odeur, couleur, aptitude à la transformation et marqueurs aromatiques). De plus, les chercheurs continueront d’étudier l’intérêt d’associer ces deux types de traitement en lactation et au tarissement.

1. journees3r.fr

DES FICHES CONSEILS POUR LES VEAUX

Pour répondre aux interrogations des différents acteurs de l’élevage sur les modalités d’utilisation, le fonctionnement, l’efficacité et le risque de l’aromathérapie pour les animaux et les consommateurs, une étude a été récemment menée sur les veaux de boucherie par FranceAgriMer et l’Institut de l’élevage (Idele) à l’origine de fiches conseils1.

1. idele.fr