PRATIQUES D’ÉLEVAGE
PRATIQUE MIXTE
FORMATION
Auteur(s) : MORGANE RÉMOND
Actuellement, environ 72 % des porcs mâles domestiques français sont castrés (Uniporc Ouest, 2019). Cette pratique permet d’élever des mâles plus calmes, donnant une viande plus tendre et sans risque d’odeur urineuse à la cuisson (odeur de verrat). Cette odeur est majoritairement due à deux molécules stockées dans les tissus graisseux1 : l’androsténone caractérisée par une odeur d’urine et le scatole caractérisé par une odeur fécale dont la dégradation est inhibée par les hormones sexuelles. Toutefois, la castration altère les capacités de croissance et l’efficacité alimentaire des porcs pouvant limiter le gain économique de l’éleveur.
Cette pratique est amenée à évoluer puisque l’arrêté du 24 février 2020 stipule que « la castration chirurgicale à vif des porcs domestiques mâles est interdite » à compter du 31 décembre 2021. Dans ce contexte, l’immunocastration est une des alternatives possibles à la castration à vif.
L’immunocastration repose sur un vaccin composé d’un peptide de synthèse analogue du GnRH (pour gonadotropin releasing hormone ou hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires) conjugué à une protéine immunogène. Il permet la production d’anticorps neutralisants contre la GnRH (responsable de la production des hormones sexuelles LH, hormone lutéinisante, et FSH, hormone folliculo-stimulante). La vaccination permet donc l’arrêt de la production de stéroïdes, dont l’androsténone, activant ainsi la dégradation du scatole. Le protocole vaccinal repose sur 2 injections sous-cutanées à au moins 4 semaines d’intervalle, à partir de 8 semaines d’âge. La deuxième dose doit être administrée 4 à 6 semaines avant abattage afin d’optimiser l’efficacité en limitant les carcasses odorantes. Une troisième injection est recommandée lors d’abattage tardif. Le seul vaccin de ce type disponible en France est l’Improvac (laboratoire Zoetis). Le coût du protocole complet est d’environ 3,04 €/porc H.T. (tarif de base en centrale pour l’Improvac).
À noter que 0 à 3 % des individus ne répondent pas à l’immunocastration, lié à un défaut de vaccination (dose mal administrée ou déficit immunitaire au moment de la vaccination).
Les effets de l’immunocastration s’observent deux semaines après la seconde injection. En découle une diminution des comportements agressifs et du comportement de monte des verrats, qui peuvent entraîner des blessures : troubles locomoteurs et/ou lésions péniennes. Le gain moyen quotidien (GMQ) et l’indice de consommation sont améliorés chez les immunocastrés par rapport aux mâles castrés chirurgicalement (+ 26,30 g/j et - 0,22 kg/kg respectivement). En comparaison aux mâles entiers, l’immunocastration est associée à un meilleur GMQ (+ 59,4 g/j) mais un indice de consommation dégradé (+ 0,072 kg/kg). Concernant l’odeur de verrat, l’immunocastration permettrait d’avoir moins de 0,5 % de carcasses odorantes. En mâle entier, 3 à 8 % des carcasses sont identifiées comme malodorantes (variable selon la méthode utilisée).
Si aucune modification de comportement, de prise alimentaire et de taille (diminution) et place des testicules (remontée dans le scrotum) n’est observée, il faut considérer qu’il s’agit d’un échec et vacciner à nouveau. Bien que très utilisée dans certains pays, cette alternative trouve difficilement sa place en France. La crainte de la manipulation du vaccin par le personnel en élevage et les conséquences sur la transformation (viande moins grasse nécessitant une adaptation des procédés) ralentissent le développement de cette alternative qui semble pourtant avoir convaincu une partie des consommateurs (sondages IPEMA). À noter que l’immunocastration n’est pas autorisée en élevage biologique.
Autre source : IPEMA. www.ca-ipema.eu