PRATIQUE MIXTE
Auteur(s) : TANIT HALFON
AU VU DU CARACTÈRE TRÈS CONTAGIEUX DU VIRUS, LA DGAL N’EXCLUT PAS UNE CRISE DE GRANDE AMPLEUR. L’ATTEINTE RAPIDE DE LA ZONE DE LA CHALOSSE, DANS LE DÉPARTEMENT DES LANDES, A ÉTÉ UN FACTEUR AGGRAVANT.
Le virus responsable de l’épizootie actuelle est en majeure partie de type H5N8. Certaines caractéristiques du virus sont communes à celui de 2016-2017. Il est également très contagieux, voire davantage, et diffuse rapidement au sein d’un élevage. Il est résistant dans l’environnement et peut se diffuser directement par contact entre animaux ou indirectement par des objets souillés (bottes, outils, véhicules). La voie aéroportée est parfois la seule voie de contamination envisagée dans certains foyers. Par ailleurs, il est difficile à détecter. Certains animaux ne présentant pas de symptômes peuvent malgré tout diffuser la maladie (phase d’incubation). De plus, certains oiseaux infectés « excrètent » le virus de façon intermittente.
La densité élevée de volailles dans le Sud-Ouest, et notamment dans la Chalosse, a sûrement facilité la propagation du virus entre elles, même si au départ, le virus est arrivé via la faune sauvage (voir Avis de l’Anses du 7 janvier 20211). Des enquêtes épidémiologiques sont conduites par l’Agence pour identifier l’origine des contaminations des foyers. Mais l’extension géographique des foyers laisse supposer une présence très importante du virus dans l’environnement. Les sources de contamination peuvent être multiples et varier au fil du temps : mouvements d’oiseaux asymptomatiques ou de personnes/matériels contaminés sur de plus longues distances, contamination aéroportée ou par le milieu naturel… Les conditions météorologiques (pluie, vent) jouent aussi un rôle dans la propagation du virus : les flaques et points d’eau ainsi créés ont permis aux oiseaux sauvages potentiellement infectés de s’abreuver et de disséminer le virus qui survit très bien dans l’eau. Depuis la dernière crise, beaucoup de mesures ont été mises en œuvre, notamment en matière de biosécurité dans les élevages, avec la mise à l’abri des oiseaux, pour la limitation de la propagation d’un élevage à un autre. Mais aussi le système de traçabilité sur les transports et le protocole de nettoyage de ces derniers ont été améliorés. Toutefois, la densité des canards dans la zone de la Chalosse, associée à la forte contagiosité du virus, nous amène à craindre une crise de grande ampleur.
Cette année 2020-2021 constitue une épizootie exceptionnelle qui touche 18 pays européens, sans compter la Russie. Sont concernés à la fois l’avifaune sauvage et les élevages domestiques. Les oiseaux migrateurs ont joué un rôle hélas capital dans la diffusion du virus depuis la Russie et le Kazakhstan où il sévissait cet été. Tout sera mis en œuvre pour que cela ne se reproduise pas. Après la crise, nous étudierons avec les scientifiques et les professionnels des filières ce qui nous a fait défaut cette fois-ci, et comment mieux prévenir ce type d’épidézootie en analysant à la fois les mesures de prévention et celles de lutte.