Du chat des rues aux « chatchiens » - La Semaine Vétérinaire n° 1885 du 05/02/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1885 du 05/02/2021

LIVRE

COMMUNAUTÉ VÉTÉRINAIRE

Auteur(s) : MICHEL BERTROU

Auteur de nombreux essais - Le Point de vue animal1, Bêtes des tranchées2, Biographies animales3 - proposant une relecture de notre histoire, partagée avec les animaux, qui soit résolument de leur côté, Éric Baratay se consacre cette fois à celle des chats, du XVIIIe siècle à nos jours. Il s’agit moins ici de dresser l’histoire culturelle de cet animal, comme pourrait le faire Michel Pastoureau, que d’exhumer et de retracer l’évolution propre de son comportement à travers l’étude comparée des sources écrites pertinentes qui nous sont parvenues depuis deux siècles. Alors que le chat était encore associé à la sorcellerie à la fin du XVIIIe siècle, et même brûlé sur certaines places publiques, cette mauvaise image s’est progressivement amendée au XIXe siècle puis au XXe siècle pour devenir unanimement positive aujourd’hui. Par sa minutieuse analyse des témoignages - Matthew Flinders, Paul Léautaud, Théophile Gautier, Pierre Loti, Athénaïs Michelet, Vicki Myron, Helen Brown, Dennis C. Turner, etc. -, l’historien met à jour que l’animal domestique luimême a accompagné ce retournement d’appréciation. Selon les époques et les environnements, son comportement s’est transformé. Une plasticité qui va à l’encontre de l’idée, largement répandue, du chat doté d’une nature immuable. Autrefois conditionné par son territoire, le félin domestique l’est désormais bien davantage par sa relation à l’homme. Et Éric Baratay de suggérer que son évolution comportementale dans le temps suit un itinéraire comparable à celui du chien, mais décalé.

1. Voir La Semaine vétérinaire n° 1488 du 23 mars 2012, page 51.

2. Voir La Semaine vétérinaire n° 1563 du 6 décembre 2013, page 56.

3. Voir La Semaine vétérinaire n° 1724 du 16 juin 2017, page 48.

Cultures félines (XVIIIe-XXIe siècle), Les chats créent leur histoire d’Éric Baratay, éditions du Seuil, coll. L’Univers historique, 14 x 20,5 cm, 336 pages, 23 €.