DOSSIER
LA TRANSMISSION GÉNÉRATIONNELLE EST EN DANGER. LES JEUNES VÉTÉRINAIRES QUI ARRIVENT SUR LE MARCHÉ SONT GLOBALEMENT MOINS DISPOSÉS À TRAVAILLER COMME LEURS AÎNÉS ET À S’INSTALLER.
Les jeunes vétérinaires sont moins enclins à devenir des libéraux et à vouloir racheter des parts de société, par conséquent le marché des transactions se tend », déplore Laurent Perrin, président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). Le salariat croît jusqu’à devenir parfois un véritable choix de carrière. Le nombre de vétérinaires salariés du secteur libéral a en effet progressé de 15 % en 5 ans, quand celui des praticiens libéraux est sur une tendance baissière faible sur la même période1. Le salariat concerne aujourd’hui 33,9 % des inscrits à l’Ordre. Il assure une certaine qualité de vie, valeur importante pour les jeunes générations. Elles redoutent aussi l’isolement et souhaitent travailler en équipe, ce qui pénalise la transmission des petites structures. Par ailleurs, « en milieu rural, la clientèle en élevage est en déshérence, elle ne se rachète pas », souligne-t-il.
Gilles Désert, président de la Caisse autonome de retraites et de prévoyance des vétérinaires (CARPV), dresse le même constat : « Les futurs retraités ont de plus en plus de mal à trouver des repreneurs, car la jeune génération ne veut guère s’engager sur le long terme et préfère souvent le salariat à l’achat de parts de clientèle, qui engage sur une dizaine d’années au minimum. Par ailleurs, les chaînes proposent souvent à des vétérinaires proches de la retraite de racheter leur clientèle à des prix plutôt avantageux, qui avoisinent parfois le chiffre d’affaires hors taxes annuel, ce qui est supérieur aux estimations qui sont proposées par le SNVEL par exemple, basées plutôt sur un multiple des BNC (bénéfices non commerciaux). »
Comment favoriser la transmission générationnelle ? L’enjeu est de taille : « Il faudra savoir convaincre les jeunes générations qu’ils ont intérêt à l’exercice libéral, qui leur offrira une meilleure rémunération et une indépendance par rapport au salariat, si l’on veut éviter que le modèle des chaînes ne devienne le système majoritaire dans les 10 ans à venir », met en garde Gilles Désert.
1. Atlas démographique de la profession vétérinaire 2020, Observatoire national démographique de la profession vétérinaire (ONDPV), Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (Cnov). www.bit.ly/2YzCvCI