SURVEILLANCE
PHARMACIE
Auteur(s) : SANDRINE ROUGIER*, ÉLISABETH BEGON**, FLORE DEMAY***, SYLVIANE LAURENTIE****
Fonctions :
*du département inspection, surveillance et pharmacovigilance au sein de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV)
L’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) attire l’attention des praticiens sur le risque d’ingestion accidentelle de Prascend de Boehringer Ingelheim par un être humain.
Une étude réalisée par l’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) à partir de l’ensemble des cas humains d’évènements indésirables déclarés en 2018 en France suite à l’utilisation d’un médicament vétérinaire a montré que Prascend (Boehringer Ingelheim) était le premier médicament impliqué dans des cas humains, juste après les antiparasitaires externes (11 cas sur l’année). Sous la forme de petits comprimés, le risque d’ingestion accidentelle d’un comprimé de Prascend par une personne n’est pas à négliger. En effet, pour des questions de commodité, le comprimé est souvent caché dans un peu de nourriture avant de le présenter à l’équidé traité. La préparation du comprimé, le plus souvent caché dans une pomme ou un morceau de pain, s’avère souvent différée de son administration, laissant le temps à une tierce personne non informée de consommer la pomme ou le morceau de pain.
La préparation différée du traitement destiné à un animal est toujours à risque d’accident. Aussi, lors de la prescription de Prascend, il est important d’informer le propriétaire de ce risque. Les principaux signes cliniques observés à la suite d’une ingestion s’expliquent par les propriétés dopaminergiques du pergolide. Ainsi on observe principalement des nausées et/ou des vomissements, de la fatigue, un état de malaise ou d’asthénie, parfois de la confusion mentale, des vertiges, des maux de tête et/ou des troubles cardio-vasculaires comme de l’hypotension, une bradycardie ou des palpitations. Les premiers signes apparaissent rapidement, généralement dans l’heure qui suit l’ingestion.
Du fait de ce profil clinique, le résumé des caractéristiques du produit de Prascend a été modifié en octobre 2020 avec la mise à jour des précautions à prendre par la personne qui administre le médicament (rubrique 4.5). L’Anses-ANMV souhaite ainsi rappeler qu’en cas d’ingestion accidentelle, la consultation rapide d’un médecin est recommandée, mais, de par la nature des signes observés, notamment d’ordre neurologique, la personne devra éviter de conduire elle-même. L’utilisation de machines est également fortement déconseillée.
Prascend, comprimé à base de pergolide, est un médicament vétérinaire indiqué dans le traitement symptomatique des signes cliniques associés au dysfonctionnement du lobe intermédiaire de l’hypophyse ou dysfonctionnement de la pars intermedia pituitaire chez le cheval, affection plus connue sous le nom de syndrome de Cushing équin. Le pergolide est un dérivé synthétique de l’ergot de seigle et par conséquent un agoniste puissant des récepteurs de la dopamine.
Pour déclarer un effet indésirable chez l’être humain suite à l’utilisation d’un médicament vétérinaire, rendez-vous sur le portail de signalement des événements sanitaires indésirables du ministère chargé de la santé : www.bit.ly/380FM38
Pour plus d’informations sur Prascend, voir le résumé des caractéristiques du produit : www.bit.ly/3r7gBTR
Selon l’Agence nationale du médicament vétérinaire, 362 cas d’expositions humaines accidentelles aux médicaments vétérinaires ont été signalés1 en 2018. Les principales classes thérapeutiques concernées sont les antiparasitaires (37 %), les vaccins (30 %) et les médicaments du système nerveux (11 %). Ces médicaments sont majoritairement destinés aux animaux de compagnie (45 %), de production (43 %, notamment pour les vaccins), mais aussi aux chevaux (4 %) ou aux multiples espèces cibles (7 %).