PÉDIATRIE
PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC
FORMATION
Auteur(s) : MYLÈNE PANIZO
CONFÉRENCIER ALEX GERMAN, Dipl. ECVIM-CA, spécialiste en médecine interne à l’université de Liverpool (Angleterre).
Article rédigé d’après une web conférence organisée par Royal Canin en septembre 2020.
Les courbes de croissance chez l’enfant sont utilisées au quotidien par les pédiatres et les parents. En médecine vétérinaire, elles sont disponibles pour le chiot à partir de l’âge de 3 mois depuis 2017. Elles établissent des références et contribuent à développer une nouvelle approche en médecine préventive. Elles permettent également de détecter précocement un problème de santé et/ou de nutrition, ce qui est utile aussi bien pour les vétérinaires que pour les propriétaires.
Un programme de recherche, mené par Waltham1 – le centre de recherche fondamentale de Mars Petcare – et Banfield Pet Hospital, en collaboration avec les universités de Liverpool et de Londres, a permis d’établir di érentes courbes de croissance chez le chien, mettant en relation le poids en fonction de l’âge. En raison de l’existence de formats très différents dans cette espèce, cinq catégories ont été déterminées selon le poids à l’âge adulte et ce jusqu’à 40 kg (voir tableau). Des études sont en cours pour les races géantes. Pour chaque groupe, des courbes spécifiques sont disponibles chez les mâles et chez les femelles. Les courbes de croissance ont été obtenues en analysant des données sur 50 000 chiens, avec la même méthode mathématique que celle utilisée pour réaliser les courbes de croissance chez l’enfant. Il s’agissait de chiens en bonne santé au cours des trois premières années de vie, et dont l’état corporel était optimal.
Les courbes de croissance commencent à partir de 12 semaines et se terminent entre 55 semaines (pour les chiens de petits formats) et 75 semaines (pour les chiens de grands formats). Elles sont téléchargeables sur le site de Waltham, qui propose également un guide complet en anglais2.
Sur chaque graphique (un par catégorie et par sexe) sont représentées 9 courbes nommées lignes percentiles (centiles en anglais), représentant les trajectoires de croissances moyennes normales chez des chiots sains de la même catégorie (poids et sexe). Le numéro sur chaque courbe représente le pourcentage de chiots ayant un poids inférieur au même âge. Par exemple, sur le graphique ci-contre, si un chiot femelle (dont le poids adulte attendu est inférieur à 6,5 kg) pèse 3 kg à 33 semaines, il se situera sur le 75e percentile. Cela signifie que 75 % des chiots sains ont un poids inférieur à 3 kg au même âge et 25 % d’entre eux ont un poids supérieur.
Lorsqu’un chiot est présenté en consultation, généralement pour les premiers vaccins, il convient dans un premier temps de choisir la bonne courbe en fonction du poids à l’âge adulte et du sexe. Une croix est alors notée sur le graphique en fonction du poids du jour et de son âge au moment de la pesée. Les courbes de croissance ont un intérêt si les mesures sont répétées dans le temps. Il est conseillé de noter le poids tous les mois à partir de 12 semaines jusqu’à 6 mois, puis tous les 3 mois jusqu’à l’âge adulte. La balance doit être la même à chaque pesée.
Si le chiot est stérilisé avant l’âge adulte, il est recommandé de l’inscrire sur la courbe de croissance et de prendre une nouvelle couleur pour noter les poids suivants. Chez les chiens, la stérilisation n’influence pas la courbe (au regard de l’augmentation du risque de surpoids), mais une attention particulière doit être portée en raison du changement nutritionnel à effectuer.
Les courbes de croissance peuvent être utilisées chez des chiens croisés, même s’il peut s’avérer difficile d’estimer précisément le poids à l’âge adulte. Pour un chiot dont la date de naissance est inconnue, la prudence sera de mise quant à l’interprétation de la courbe.
Utiliser des courbes de croissance permet également de proposer un suivi de l’animal, notamment au cours des périodes où il n’est pas amené traditionnellement en consultation, par exemple entre la stérilisation et le rappel annuel de vaccination. Ce sera l’occasion de discuter avec le propriétaire de la nutrition, du contrôle parasitaire ou encore du comportement.
Une courbe de croissance permet de suivre précisément le rythme de croissance du chiot et de détecter au plus tôt un problème de santé ou de nutrition. Il n’y a pas de ligne de percentile idéale. Le but est d’obtenir une courbe de croissance régulière. Celle-ci est considérée comme normale si elle se situe dans un intervalle de plus ou moins 1 percentile : un chiot peut changer de courbe au cours du temps mais dans la limite d’une seule (dans un sens ou dans un autre). La courbe de croissance doit toujours être interprétée en fonction de l’état de santé du chiot.
Une rupture dans la courbe, c’est-à-dire un dépassement ou une chute de 2 percentiles, doit alerter le praticien. Il faudra alors réaliser un examen clinique complet afin de détecter un éventuel problème de santé, revoir l’alimentation du chiot et proposer un suivi rapproché.
Un chiot qui grossit trop vite risque de développer une obésité au cours de sa vie ainsi que des anomalies squelettiques. Une courbe de croissance lente peut signaler un retard de croissance. Si les poids du chiot sont situés au-delà des deux extrêmes – hors des percentiles maximum et minimum –, cela doit inquiéter le praticien, qui doit d’abord vérifier que le bon graphique a été utilisé – vérification de la catégorie et du sexe de l’animal. Un bilan complet sera ensuite réalisé pour comprendre ces anomalies.
Chez le chat, les courbes ne sont pas encore publiées car elles sont en cours d’élaboration. Elles n’ont été pour l’instant réalisées qu’en tenant compte du sexe (un graphique pour les mâles et un autre pour les femelles).
1. Waltham est une marque déposée de Mars Incorporated et/ou de ses sociétés a liées. La courbe de croissance et la marque déposée sont utilisées avec permission.
2. Courbes disponibles : www.bit.ly/2OFvkr0 Pour en savoir plus : Salt C., Morris P.J., German A.J. et coll., Growth standard charts for monitoring bodyweight in dogs of di erent sizes, PLoS One, 2017;12 (9):e0182064.