LES USAGES DE L’IMPRESSION 3D EN MÉDECINE VÉTÉRINAIRE - La Semaine Vétérinaire n° 1891 du 19/03/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1891 du 19/03/2021

MATÉRIEL

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

Auteur(s) : JOACHIM LAHIANI*, LOÏC DE VREUGHT**, GUILLAUME RAGETLY***

Fonctions :
*assistant en chirurgie au centre hospitalier vétérinaire CHV Frégis Paris Arcueil
**résident en chirurgie (ECVS) au CHV Frégis
***spécialiste en chirurgie (Dip. ECVS et ACVS) au CHV Frégis

Les avancées offertes par cette technologie dans le domaine chirurgical permettent de gagner en qualité de soin.

L’impression 3D gagne du terrain en médecine vétérinaire, du fait notamment de son accessibilité croissante, de sa rapidité d’exécution et de ses multiples applications utiles au praticien. C’est en chirurgie que ses applications sont particulièrement nombreuses. À moyen ou long terme, cette technologie pourrait permettre de dépasser certaines limites actuelles des organismes vivants, avec par exemple le développement d’exosquelette motorisé ou la fabrication d’organes (bioprint) à partir de cellules vivantes.

Du numérique à l’imprimé

Une imprimante 3D est un système robotique contrôlé par ordinateur qui crée des objets complexes en trois dimensions sur la base d’un modèle numérique. Des logiciels de modélisation permettent de créer un fichier tridimensionnel à partir de données d’imagerie médicale 3D (scanner, imagerie par résonance magnétique) ou d’une pièce elle-même1. En médecine vétérinaire, la plupart du temps, le modèle numérique est obtenu à partir d’images tridimensionnelles du patient acquises par scanner. Les matériaux utilisables par les imprimantes 3D sont multiples : plastique, métal (acier inoxydable, titane), céramique, verre, etc. L’impression s’e ectue le plus souvent en superposant un matériau couche par couche. Elle est rapide, de quelques minutes à plusieurs jours, en fonction de l’imprimante, des paramètres d’impression, du matériau et du volume de la pièce à imprimer. Le prix d’une imprimante 3D est très variable : un modèle basique peut coûter quelques centaines d’euros alors qu’un modèle professionnel peut coûter plusieurs centaines de milliers d’euros. S’ajoutent le coût très accessible des consommables ainsi que celui du logiciel. Pour ce dernier, des versions gratuites sont disponibles.

Un appui au chirurgien

L’impression 3D trouve particulièrement sa place en chirurgie vétérinaire. Elle permet d’optimiser la planification pré-opératoire des interventions orthopédiques. Par exemple, elle offre la possibilité de pré-contourner2 les implants sur des os imprimés à taille réelle. Elle aide aussi à la réalisation de chirurgies pointues comme le traitement de fractures vertébrales, de déviations angulaires ou de fractures complexes, par la création de guides de coupe ou de visée ou encore par la possibilité de simuler les corrections à apporter (photo). Du matériel d’ostéosynthèse sur mesure peut également être fabriqué, notamment des plaques ou des prothèses. Toutes ces applications participent à diminuer le temps opératoire, à améliorer la précision du chirurgien et à réduire les risques de complication.

Des orthèses de qualité

L’impression 3D rend possible la réalisation d’orthèses complexes sur mesure, qui offrent plusieurs avantages : une forme mieux adaptée, une meilleure rigidité, un poids plus faible, une meilleure étanchéité et ventilation, un moindre encombrement et une radio-transparence. Ces avantages peuvent être particulièrement utiles, par exemple pour immobiliser des fractures complexes du crâne (arcade zygomatique, articulation temporo-mandibulaire, mâchoire, etc.). La création d’exo-prothèses vétérinaires imprimées en 3D est également documentée, notamment de membres antérieurs de chiens, de becs d’oiseaux ou de tortues marines. À noter que l’impression 3D présente aussi des atouts éducatifs indéniables, en proposant une visualisation tridimensionnelle de pièces anatomiques (modèles sains ou pathologiques) mais aussi une simulation d’éventuels traitements chirurgicaux.

1. Pour une reproduction à l’identique ou une modélisation 3D destinée à être modifiée avant impression.

2. Contourner est l’action de travailler la forme d’une plaque afin de l’adapter à celle de l’os auquel elle sera fixée. Avant l’imprimante 3D, ce travail était fait au cours de la chirurgie, rendant la manœuvre plus complexe – au bloc, en stérile, avec des tissus mous fixés à l’os –, et augmentant le temps opératoire.