PIQUE ET PICS - La Semaine Vétérinaire n° 1891 du 19/03/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1891 du 19/03/2021

ÉDITO

Auteur(s) : MARINE NEVEUX

Fonctions : Rédactrice en chef

« Si nous devions être confrontés à un manque de professionnels pour vacciner, faire appel aux vétérinaires volontaires parmi la réserve sanitaire permettrait de répondre à la volonté affichée par le Gouvernement d’accélérer la campagne vaccinale », écrivait notre confrère et député Loïc Dombreval dans un courrier du 8 mars adressé à Olivier Véran. Le sujet de la vaccination est brûlant, mais également source de tensions du côté des professionnels de santé, face à l’organisation – ou la désorganisation – de la campagne, à la pénurie de doses, etc. L’aide des vétérinaires pourrait-elle être sollicitée dans cette campagne déjà bousculée, et poussive ?

Depuis le début de la crise, les vétérinaires apportent tout leur soutien aux professionnels de santé : via du matériel, via la réserve sanitaire en se portant volontaires auprès des agences régionales de santé, etc. En effet, « cette implication est le signe de leur volonté d’engagement et du lien étroit de solidarité qui lie les professionnels des santés humaine et animale », constate Loïc Dombreval. Et la pique, les vétérinaires en sont familiers. « Ils pratiquent la vaccination quotidiennement, sur des espèces animales très variées, et permettent ainsi de contenir de nombreuses épizooties. »

Sujet complexe à ce jour, en France des vétérinaires émettent des réticences sur cette proposition, tandis que d’autres la suggèrent depuis le début de l’année. La question n’est pas anodine : quid de la responsabilité ? Quid de l’acceptabilité par la population ? Il n’en fallait pas plus pour laisser place aux clichés et pics grossiers : « Voilà ce qui arrive quand un gouvernement confond le peuple et le bétail », peut-on lire sur Twitter. « À quand les charcutiers ? », réplique une sénatrice. Pourtant, cette idée a déjà germé outre-Atlantique, notamment au Québec, dès la fin 2020. Elle se concrétise ainsi aux États-Unis où Joe Biden vient de donner son go aux vétérinaires et étudiants vétérinaires, dans un cadre législatif de circonstance. Alors, pour ou contre ? Le pragmatisme s’imposera (ou pas) en terre des Gaulois ; le sujet du jour est pour le moment le manque de doses. Un confrère constate d’ailleurs : « En France, on n’a pas de vaccins, mais on recrute du personnel pour l’injecter ! »