CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
FORMATION
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
CONFÉRENCIER
JACQUES DEVOS, commission parasitologie de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV).
Article rédigé d’après la conférence présentée lors du congrès de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) du 28 au 30 octobre 2020 à Poitiers.
Grande douve – Fasciola hepatica –, petite douve – Dicrocoelium lanceolatum – et paramphistome – Calicophoron daubneyi – sont les trois espèces de trématodes présentes en France métropolitaine. D’importance clinique, zootechnique ou épidémiologique variable, ces parasites posent des problèmes en termes de modalités de traitements (contraintes réglementaires), notamment par leurs délais d’attente.
La contamination des ruminants se fait généralement en automne avec une persistance dans le foie pour la grande douve et la petite douve et dans le réticulo-rumen pour les paramphistomes. Pour le diagnostic, la coproscopie est la technique de référence et c’est la seule utilisable pour les infestations à C. daubneyi et D. lanceolatum. À cet égard, il convient de choisir un liquide de flottaison avec une densité supérieure à 1,35 (comme le sulfate de zinc à saturation) pour pouvoir observer les œufs de trématodes avec une lame de Mac Master. Toutefois, en raison de résultats faussement négatifs, il est recommandé pour F. hepatica d’utiliser d’autres examens comme des tests sérologiques. Il en existe deux couramment utilisés – Svanova et Idexx – qui peuvent être réalisés avec 2 mélanges de 5 sérums, afin d’avoir une sensibilité su sante pour un coût moins élevé que des analyses individuelles.
En termes de traitements, depuis plus de trente ans, aucune nouvelle molécule trématocide n’a été commercialisée et certaines ont même été retirées. Pour les traitements subsistants, les délais d’attente ont été révisés, rendant parfois leur usage impossible en production laitière. En pratique, pour traiter les animaux contre les C. daubneyi adultes, l’oxyclozanide est efficace à la dose de 10 à 15 mg/kg et peut être répété 3 jours ou 3 mois après (protocole hors AMM). Pour la forme immature du parasite, le closantel peut être utilisé malgré une efficacité partielle. En ce qui concerne la dicrocoeliose, elle ne peut se traiter qu’avec l’albendazole à la dose de 15 mg/kg (AMM ovins et caprins). Ces trématodoses ne bénéficient donc pas de possibilités de traitement avec AMM chez les bovins, mais, si le praticien respecte le principe de la cascade, il peut suivre ces protocoles.
En production laitière, la prise en compte des délais d’attente, voire des interdictions, limite les possibilités thérapeutiques, et ne permet pas de viser l’optimum médical. Ainsi, pour la grande douve, le triclabendazole (AMM bovins) peut être utilisé en début de tarissement, à condition que celui-ci soit d’au moins 6 semaines. Les autres trématodes peuvent également être traités à condition de le faire pendant le tarissement, et au plus tard le jour du vêlage. À l’inverse, en cheptel allaitant, au vu des temps d’attente des traitements disponibles, les trématodoses peuvent être traitées sans difficultés. Le médicament peut alors être choisi en fonction des parasites présents ainsi que des choix et des contraintes de l’éleveur. Pour éliminer F. hepatica, le choix médical qui s’impose alors est le triclabendazole par voie orale (AMM bovins), actif contre les très jeunes immatures et qui peut être utilisé dès la sortie de la pâture à risque. Enfin, bien que ce soit un sujet majeur pour les nématodoses des petits ruminants, aucune résistance n’a encore été identifiée en France pour les trématodoses mais il convient de rester vigilant et de respecter une utilisation raisonnée des traitements.